Intervention de Roger Chudeau

Séance en hémicycle du lundi 9 janvier 2023 à 16h00
Réforme de la voie professionnelle

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoger Chudeau :

Voici donc venir une énième réforme de l'enseignement professionnel ! Aucun ministre, aucun gouvernement n'aura manqué d'afficher sa volonté de revaloriser l'enseignement professionnel pour en faire une voie d'excellence. Pourtant, ces déclarations lénifiantes ont toujours eu un effet inversement proportionnel au volontarisme affiché.

Pour notre part, nous considérons que les maux et difficultés de l'enseignement professionnel ne sont pas à rechercher dans son organisation ou son fonctionnement – sauf, évidemment, dans la réforme du baccalauréat général et technologique et du lycée défendue par Jean-Michel Blanquer, qui a sensiblement diminué le temps d'enseignement consacré aux humanités, temps qu'il faudrait d'ailleurs rétablir.

Les sources des problèmes rencontrés par l'enseignement professionnel sont bien plutôt à rechercher en amont : en effet, c'est au collège que se construit la maîtrise des fondamentaux et que se décide l'orientation. Or nous savons que celle-ci s'effectue toujours par défaut – et ce, de façon systémique. J'en profite pour saluer le dévouement et l'engagement professionnel des personnels du lycée professionnel qui accueillent, comme le disait une syndicaliste dans la première partie du débat, des enfants cabossés par l'institution.

Il faut donc s'attaquer à la racine du problème. Madame la ministre déléguée, pourquoi y a-t-il des décrocheurs ? Parce qu'une proportion non négligeable d'élèves ne maîtrise ni la lecture, ni le calcul élémentaire. Par conséquent, ces élèves ne peuvent évidemment pas suivre les enseignements en lycée professionnel. Or pourquoi beaucoup d'élèves de lycée professionnel ne maîtrisent-ils pas les fondamentaux ? Parce que rien n'est aujourd'hui prévu au collège pour les remettre à niveau – ni structure ad hoc, ni temps, ni programme.

Pourquoi l'insertion professionnelle est-elle parfois difficile pour des élèves pourtant titulaires d'un CAP ou d'un bac professionnel ? Parce que des formations « parking » existent encore, qui ne répondent plus à aucun besoin économique mais dans lesquelles on envoie les laissés pour compte de l'orientation. La coordination des politiques de formation professionnelle est d'ailleurs une compétence régionale, et ne dépend donc pas de l'État.

Le Gouvernement serait donc bien inspiré de réformer rapidement et profondément le collège – ses cursus, ses programmes et sa caricature d'examen terminal qu'est le diplôme national du brevet (DNB). Ne croyez-vous pas, madame la ministre déléguée, qu'il faut revoir d'urgence votre copie ?

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