Intervention de Francesca Pasquini

Séance en hémicycle du mardi 10 janvier 2023 à 21h30
État de l'école de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrancesca Pasquini :

Chers collègues de la minorité présidentielle, vous avez, avec le Gouvernement, votre part de responsabilité : lors de l'examen du projet de loi de finances, vous avez sciemment modifié l'ordre du jour pour éviter un débat sur l'école de la République.

Mais saisissons l'occasion qui nous est offerte pour rappeler que la situation est grave. Comme de nombreux autres services publics, l'école souffre d'un manque chronique d'investissement et de considération. Plus encore que d'autres services publics, elle fait face à trois périls.

Le premier consisterait à retenir des solutions réactionnaires et passéistes. J'en veux pour preuve l'intérêt croissant du groupe RN pour les questions éducatives. Cette vision réactionnaire prône le retour à l'uniforme, refuse l'école inclusive et fantasme sur les dangers de la pensée woke. Cette école-là ne répond nullement aux défis qui lui sont posés.

Le deuxième péril serait d'opter, obnubilés par l'immédiateté, pour des solutions libérales. Toute une génération de professeurs, d'élèves et de parents a subi les méfaits d'une telle position qui consiste à rationaliser, à limiter les coûts et à considérer que seules les compétences « en adéquation avec le marché du travail » sont pertinentes. Cette école-là n'a que trop duré.

Le troisième péril, qui traverse notre société tout entière, est celui du changement climatique : les conditions d'apprentissage sont déjà dégradées par la chaleur et les événements climatiques extrêmes ; elles subiront aussi les mutations économiques et sociales à venir. Face au péril climatique – un défi existentiel qui s'impose à nous tous –, les solutions sont nombreuses. Elles doivent devenir une force mobilisatrice.

Les députés écologistes proposent de prolonger et d'adapter la philosophie de l'école républicaine aux enjeux du XXIe siècle. Cela suppose de perpétuer le grand œuvre pédagogique et émancipateur impulsé par Jules Ferry ou Ferdinand Buisson, affiné tout au long du XXe siècle par l'élan réformiste du Front populaire, du plan Langevin-Wallon et des artisans du collège unique. Il faut pour cela renoncer aux recettes trop usées et dépasser le leitmotiv des fondamentaux, que Jules Ferry lui-même refusait de poser en principe absolu.

Comme lui, nous pensons que l'éducation n'est pas une suite de prescriptions ou de savoir-faire rudimentaires, mais plutôt une exploration de l'ensemble des connaissances humaines, un exercice libre des facultés de l'esprit qui prépare les jeunes à vivre en démocratie, et surtout, les initie à la vie et au vivant. Il n'y a pas d'un côté la salle de classe et ses enseignements théoriques « fondamentaux », de l'autre, le sport, les sorties ou les activités manuelles « accessoires ». Pour nous, tout est lié : l'école doit être de « la tête, du cœur et des mains ».

Cela implique de rompre avec la segmentation entre les activités scolaires et périscolaires. S'il souhaite donner un sens à la devise républicaine, l'État doit se saisir avec fermeté et audace du sujet de la mixité scolaire et sociale.

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