Intervention de Marc Ollier

Réunion du mercredi 11 janvier 2023 à 14h30
Commission d'enquête chargée de faire la lumière sur les dysfonctionnements au sein de l'administration pénitentiaire et de l'appareil judiciaire ayant conduit à l'assassinat d'un détenu le 2 mars 2022 à la maison centrale d'arles

Marc Ollier, directeur des services pénitentiaires, chef d'établissement de la maison centrale d'Arles :

Au rez-de-chaussée du bâtiment A, les détenus peuvent se retrouver à plusieurs dans 15 salles, petites ou grandes. Le bâtiment B compte 10 salles de ce type par aile, soit 20 au total. Depuis la crise sanitaire, et plus encore depuis l'affaire Colonna, le nombre de détenus par salle est cependant limité : à deux détenus maximum dans une salle de musculation, trois détenus dans les « gourbis », deux en bibliothèque, etc., ces chiffres dépendant ensuite de la taille des salles. Par ailleurs, un nombre maximum est fixé par aile : il est par exemple de 20 détenus maximum dans l'aile gauche du bâtiment A, où a eu lieu l'agression, et d'une dizaine dans l'aile droite, qui est beaucoup plus petite. Au bâtiment B, il est de 20 détenus maximum dans chaque aile. Si ce nombre est atteint dans chaque aile, cela signifiera sans doute que quelque chose se prépare, et qu'il faut s'inquiéter.

Le matériel de musculation n'est pas celui d'une salle classique. Aucun haltère n'y est présent depuis des années, et tout fonctionne avec des courroies, des chaînes, etc. Ce matériel est professionnel, fourni par des sociétés agréées, et fixé au sol avec des vis et des contre-écrous. On ne trouve pas ce type de matériel à Décathlon ou Intersport.

Un agent activité est prévu pour deux ailes au bâtiment B, et un pour une aile et demie au bâtiment A. Pour éviter la reproduction de ce type d'incident, dès qu'un agent activité quitte une aile pour une autre, ou pour se rendre dans le bureau de l'officier ou du gradé, il doit désormais se signaler à son collègue du PIC, qui doit immédiatement passer sur le scénario « salles d'activité », et examiner les salles d'activité les unes après les autres, en prêtant évidemment une attention particulière aux salles où sont présents des détenus.

Le bâtiment B comprend donc 20 salles à surveiller, sur deux ailes complètes de 35 et 37 mètres ; et le bâtiment A une aile et demie de 35 et 20 mètres. Les agents des PIC ne peuvent pas tout surveiller. Initialement, ces agents devaient uniquement surveiller les caméras des appels de grille, pour s'assurer que des détenus ne circulaient pas. Pour des raisons tenant à l'histoire de l'administration pénitentiaire, d'autres fonctions ont été ajoutées aux PIC : des caméras ont été ajoutées dans les couloirs, dans les escaliers, dans les salles d'activité et dans les cours de promenade, pour aboutir à 60 caméras au bâtiment A, et 70 au bâtiment B.

L'agent rez-de-chaussée activité, quant à lui, ne peut pas être présent simultanément dans les deux ailes dont il doit s'occuper.

En garde à vue, une surveillance constante est certes assurée, mais nous n'avons pas les effectifs pour disposer un agent derrière chaque salle d'activité. Je serais déjà très content d'avoir un agent par aile. Ce n'est cependant pas prévu dans l'organigramme de l'effectif de référence de l'établissement, qui comprend 151 postes, dont seuls 141 sont pourvus, en raison de mutations, de détachements et de nombreux départs vers les diverses polices municipales, d'une démission en cours, et surtout de difficultés considérables de recrutement au niveau national. Les inscrits au concours sont nombreux, mais les présents à l'écrit beaucoup moins, et tous les candidats retenus à l'écrit ne se présentent pas à l'oral. Du fait de notre système complexe d'heures de travail, il faudrait cinq agents supplémentaires pour qu'un agent soit présent en permanence dans chaque aile. Même alors, chaque agent ne pourrait cependant pas voir dix salles en même temps.

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