Intervention de Pap Ndiaye

Réunion du mardi 31 janvier 2023 à 17h40
Délégation aux droits des enfants

Pap Ndiaye, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :

Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui et d'être auditionné par votre délégation, dont la création récente témoigne de l'importance que l'Assemblée nationale accorde au sujet des droits des enfants.

Mon action est pleinement consacrée aux élèves, qui sont d'abord des enfants. Je sais pouvoir compter sur votre délégation pour faire avancer les questions cruciales pour nos élèves. À votre invitation, je vais fournir quelques indications liminaires sur les thèmes que vous avez évoqués : l'éducation à la sexualité, dont j'ai rappelé la nécessité dès ma prise de fonction et la lutte contre le harcèlement et le cyber-harcèlement, qui a fait la une récemment suite aux drames des jeunes Lucas et Ambre.

L'éducation à la sexualité est une mission obligatoire de l'éducation nationale depuis la loi du 4 juillet 2001, qui impose trois séances d'éducation à la sexualité par an à l'école, au collège et au lycée. À la suite d'une enquête diligentée dès septembre, nous nous sommes aperçus que 90 % des élèves n'avaient pas eu de séance l'année dernière. Or nous savons que cette éducation est essentielle pour donner à notre jeunesse les clefs du respect de soi-même et des autres. Ils ont besoin d'informations fiables fondées sur des connaissances scientifiques, mais également de connaître leurs droits, pour prévenir les violences sexuelles, sexistes, les discriminations, les LGBTphobies, les formes de harcèlement et pour favoriser l'égalité entre les femmes et les hommes.

Nous avons le devoir impératif de donner aux élèves les moyens de se poser les bonnes questions et de réfléchir aux atteintes auxquelles ils peuvent être confrontés. C'est d'ailleurs ce que les élèves me disent lorsque je les rencontre dans les établissements : ils souhaitent que cette éducation à la sexualité se déroule à l'école. Ils trouvent également injuste qu'elle ne bénéficie pas à tous car il est souvent plus facile d'en parler à l'école que dans les familles. Nous devons faire plus et mieux.

Il faut que tous les professeurs puissent dispenser cet enseignement obligatoire. Nous avons publié un ensemble de ressources pédagogiques et nous allons renforcer la formation des agents de l'éducation nationale. Afin de lutter contre l'homophobie à l'école, j'ai décidé que dans chaque académie soient créés des groupes de prévention, de sensibilisation et d'action contre les LGBTphobies. J'aurai d'ailleurs l'occasion d'inaugurer demain un séminaire national sur le sujet. Les équipes éducatives doivent accompagner et il nous faut mieux répondre aux questions que se posent les élèves.

Sur le harcèlement scolaire, je vous rappellerai ces quelques chiffres : un élève sur dix est victime de harcèlement à un moment de sa trajectoire scolaire ; 600 000 collégiens et lycéens ont eu le sentiment d'avoir été harcelés l'année dernière. En réaction, nous avons développé une politique active de sensibilisation et de prévention, avec la généralisation du programme pHARe depuis la rentrée 2022 à toutes les écoles élémentaires et tous les collèges.

Ce programme, pour le moment facultatif dans les lycées, est un programme de prévention et de lutte contre le harcèlement. Il intègre tous les acteurs au niveau de l'établissement: cinq adultes référents et dix élèves ambassadeurs par collège. Nous avons également formé 22 000 enseignants pour le moment et créé des numéros gratuits : le 3020 pour le harcèlement et le 3018 pour les cyberviolences, qui sont affichés dans les établissements.

Enfin, il faut aussi prévenir les situations, intervenir voire sanctionner les harceleurs, grâce à l'appui de la loi du 2 mars 2022 visant à combattre le harcèlement scolaire, qui fait du harcèlement un délit et permet de poser le droit. Mais le harcèlement se prolonge également bien au-delà de l'école avec le cyber harcèlement. J'ai ainsi eu l'occasion d'interpeller les plateformes, notamment TikTok, pour qu'elles s'engagent à faciliter les signalements et qu'elles suppriment plus rapidement les contenus signalés. Enfin, nous développons à l'école la sensibilisation aux bons usages du numérique.

L'éducation est un droit universel et fondamental pour nos enfants ; son accès doit être inconditionnel. L'école est l'endroit qui rassemble les enfants dans une unité de lieu et de temps, mais également le lieu privilégié pour repérer les situations difficiles et exercer des actions de prévention et d'accompagnement.

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