Intervention de Antoine Léaument

Séance en hémicycle du lundi 6 mars 2023 à 16h00
Garantir le respect du droit à l'image des enfants — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAntoine Léaument :

Nous sommes réunis pour évoquer la prévention de l'exposition excessive des enfants aux écrans. Pourquoi cette proposition de loi est-elle nécessaire ? D'abord parce que les écrans font désormais partie de notre vie quotidienne. Au travail, lors de nos loisirs, nous les utilisons en permanence et, ce faisant, nous y exposons nos enfants – même si nous leur donnons aussi des outils. L'exposition aux téléphones portables ou à la télévision et, plus globalement, les usages numériques exposent les enfants à ce que nous devons considérer comme un danger.

Je veux alerter notre assemblée : il faut que nous changions de paradigme car, je le répète et j'insiste, les écrans constituent un danger pour nos enfants – il faut appeler un chat un chat. C'est pourquoi nous allons batailler pour supprimer le mot « excessive » du titre de la proposition de loi car nous considérons que l'exposition, en tant que telle, constitue un poison pour les enfants. L'ensemble des études le confirme, l'exposition de ceux de moins de 3 ans aux écrans est dangereuse car elle provoque des troubles alimentaires et du sommeil, de l'hypertension artérielle et des troubles cognitifs et intellectuels. Le sociologue français Serge Tisseron propose une règle, celle des 3-6-9-12 : pas de télévision avant 3 ans, pas de console de jeux personnelle avant 6 ans, pas d'accès à internet seul avant 9 ans et pas d'accès aux réseaux sociaux avant 12 ans.

Malheureusement, on en est bien loin : à 2 ans, seuls 9 % des enfants sont tenus à distance des écrans, c'est-à-dire que neuf enfants sur dix ont accès à des écrans avant l'âge de 3 ans – alors que c'est normalement la limite inférieure pour y avoir accès ; 83 % des enfants de 2 ans regardent la télévision, en moyenne sept heures par semaine ; 20 % des enfants de 2 ans utilisent des smartphones ; enfin, un tiers des enfants de moins de 3 ans mangent devant un écran. Nous sommes donc loin des objectifs que nous nous sommes fixés en matière de santé publique. C'est pourquoi il y a urgence à agir. Quand les choses vont dans le mauvais sens, vous pouvez compter sur les Insoumis pour être une opposition rigoureuse mais quand elles vont dans le bon sens, notre groupe sait aussi le dire. En l'espèce, madame la rapporteure, votre proposition de loi va dans le bon sens et nous la voterons.

Néanmoins, elle ne vise que la petite enfance. C'est un choix – nous l'avons compris, et débattu en commission. Nous aurions préféré un texte qui s'applique aux enfants de 0 à 12 ans, permettant de traiter la question de l'exposition de tous les enfants aux écrans. En outre, je l'ai déjà souligné, nous souhaitons supprimer le mot « excessive » du titre de la proposition de loi car – plusieurs d'entre nous sont d'accord –, il faut vraiment protéger les enfants. Le fait d'exposer les plus jeunes aux écrans doit désormais être considéré comme un danger – un poison – dans tous les cas, puisque votre proposition de loi ne vise que les enfants jusqu'à 6 ans. Nous allons donc batailler en ce sens.

Nous aurions également souhaité que l'on traite de l'éducation au numérique qui, seule, permettra de faire évoluer les pratiques. Les enfants eux-mêmes doivent être informés des dangers auxquels ils s'exposent en regardant des écrans ; c'est le rôle de l'école. Enfin, et nous en avons déjà débattu en commission, nous voulons défendre l'intérêt des enfants, qui s'oppose – c'est malheureux, mais c'est ainsi – aux intérêts des industriels. Nous avons déposé des amendements afin que les notices d'utilisation, notamment, comportent des alertes et des conseils sur les risques qu'encourent les enfants, et ce qu'il faudrait faire.

Telles sont nos propositions à l'issue du débat en commission. Je le répète, nous plaidons pour un véritable changement de paradigme et nous y insisterons : il faut qu'à l'issue de ce débat, on considère le fait d'exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans comme un danger, un poison.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion