Intervention de Nicolas Hulot

Réunion du mardi 28 février 2023 à 14h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la france

Nicolas Hulot, ancien ministre d'État de la transition écologique et solidaire :

EDF était l'un des partenaires de ma fondation. J'avais donc l'habitude de dialoguer avec cette entreprise et avec ses PDG avant d'entrer au gouvernement.

Il a été difficile de faire évoluer la culture d'EDF. Son métier était de vendre de l'électricité et d'en vendre le plus possible. La mutation a été longue, car elle remettait en cause toute la stratégie initiale de l'entreprise. Donner la priorité à la sobriété et à l'efficacité énergétique signifiait proposer aux clients des solutions leur permettant de moins consommer.

Quand je suis arrivé au gouvernement, j'ai rapidement reçu M. Jean-Bernard Lévy pour lui demander d'accélérer le développement des énergies renouvelables. Nous étions en retard par rapport à nos voisins. Le prix du kilowattheure pour le solaire ou l'éolien était en train de chuter. Tous les indicateurs montraient que, quoi qu'on en pense, les énergies renouvelables allaient prendre une place importante dans le mix énergétique au niveau mondial.

En France, nous étions dans une position particulière, compte tenu de la place du nucléaire dans la production d'électricité. Ce n'est pas le cas ici, mais la part du nucléaire dans la production d'électricité est trop souvent confondue avec la part du nucléaire dans la production d'énergie – le nucléaire représente environ 40 % de la consommation d'énergie primaire en France.

EDF a eu du mal à faire évoluer sa raison d'être. L'entreprise, comme Total, a proposé un plan en faveur du solaire. Elle s'est progressivement engagée dans les énergies renouvelables, mais cette mutation n'a pas été spontanée. Tout ce qui pouvait mettre en péril les savoir-faire que nous évoquions tout à l'heure était difficile à vivre pour EDF. Néanmoins, je voulais que nous réduisions la consommation, que nous accélérions le développement des énergies renouvelables et, s'agissant du nucléaire, que nous prenions le temps nécessaire pour analyser la situation, sans brutalité et sans irréversibilité. Nous n'étions pas à deux ans près pour prendre des décisions.

Avec EDF, nos relations étaient donc courtoises, mais nous avions des logiques et des points de vue différents.

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