Intervention de Luc Rémont

Réunion du mardi 28 février 2023 à 16h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la france

Luc Rémont, président-directeur général d'EDF :

J'ai eu l'occasion de m'exprimer devant votre assemblée sur le caractère intégré. En trois mois d'apprentissage sur le terrain, j'ai observé les différents métiers de l'entreprise concourir à la capacité d'élaborer et de délivrer la mission d'un opérateur de systèmes électriques robustes. Par ailleurs, j'opère dans le secteur électrique depuis une dizaine d'années et dans plus d'une soixantaine de pays. Dans certaines régions du monde moins équipées que l'Europe, les systèmes électriques évoluent plus vite et différemment du système électrique européen. Ils vont vers plus de décentralisation, d'automatisation et d'intégration entre les besoins des clients et les capacités des producteurs et des réseaux.

Nous allons dans la même direction, comme le prouve l'augmentation des raccordements de nos concitoyens, professionnels et particuliers, qui souhaitent passer en autoconsommation. Ces éléments requièrent un système électrique piloté, intégré et des compétences qui sont capables de travailler ensemble, de la grande centrale à forte puissance au particulier en passant par les très petites, petites et moyennes entreprises (TPE et PME) afin de fournir la quantité d'électricité adaptée aux besoins. J'ai la conviction que ce nouveau monde requiert un renforcement de l'intégration opérationnelle.

Je n'affirme pas nécessairement qu'il faut des financements publics. Le sens de ma réponse était le suivant : l'entreprise doit pouvoir former des prix qui représentent son économie, ce qui lui permettra de financer la continuité d'exploitation. Il peut s'avérer nécessaire de tenir compte de limitations financières en fonction de l'ampleur du programme d'investissement, mais elles sont davantage associées à la taille du bilan ou de la dette à lever, qu'à la capacité économique de lever l'ensemble de ces financements.

C'est dans cet esprit que nous discutons avec les pouvoirs publics. Nous avons d'ailleurs eu ce type d'échanges dans d'autres pays du monde.

Ainsi, après avoir porté depuis le début le projet Hinkley Point par le bilan d'EDF, nous avons conclu un accord sur Sizewell C avec le gouvernement britannique en 2022. Cet accord prévoit le développement de deux réacteurs supplémentaires, avec le gouvernement britannique comme partenaire financier et avec un accord de mode de financement de ce développement.

Nous avons mis en place plusieurs projets européens dans le cadre desquels sont discutées les modalités spécifiques d'association des pouvoirs publics. Le cas échéant, ces projets sont présentés à la Commission européenne pour vérifier leur compatibilité avec les règles communautaires. Il est trop tôt pour définir exactement les modalités, mais nous pouvons affirmer que, sur la base de nos opérations actuelles, nous devons faire en sorte que notre économie permette la continuité de l'exploitation durable qui inclut le renouvellement de notre parc existant.

Les 10 000 personnes dont la présence est nécessaire lors de la phase d'intégration la plus critique sur un chantier d'EPR n'appartiennent pas toutes à EDF. Ainsi, le statut des agents IEG constitue un élément d'attachement et d'attractivité très fort, car il fait partie de l'identité à laquelle les salariés d'EDF et de la branche sont attachés. Cependant, ce statut ne représente pas toujours un élément important pour les milliers d'autres personnes qui concourent au développement de projets de cette nature. Certaines d'entre elles appartiennent à des conventions collectives diverses, telles que celle de la métallurgie ou du Syntec. C'est justement l'agglomération de toutes ces compétences et de ces corps de métiers différents sur un seul chantier qui permet le succès de l'entreprise.

Concernant le calendrier de l'ARENH, nous disposons d'un cadre fixé par une décision communautaire relevant d'une proposition française qui a mis en place l'ARENH en 2012. Cette décision court jusque fin 2025. Par ailleurs, une discussion communautaire est en cours sur les règles de marché. Elle fait suite à la consultation lancée par la Commission européenne, qui a l'intention de proposer au ministre de l'énergie dans les jours qui viennent, puis très probablement au sommet européen, les modalités futures d'organisation du marché de l'électricité. Je pense que ce calendrier immédiat convient à EDF, car il est de nature à éclairer d'éventuels changements de l'organisation de marché. Nous sommes extrêmement attentifs à ces discussions et en tant qu'opérateur européen, nous agirons dans le cadre des règles qui lui sont fixées.

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