Intervention de Dominique Ristori

Réunion du mercredi 1er mars 2023 à 20h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la france

Dominique Ristori, ancien directeur général de l'Énergie auprès de la Commission européenne (2014-2019) :

Effectivement, il y en a une. Si vous regardez les chiffres simples, la part des énergies fossiles en Europe - autour de 70 % - est moindre que celle de tous les autres continents. En France, cette part s'élève environ à 43 % : nous avons, par conséquent, un niveau de dépendance moins important que celui de nos voisins et partenaires européens. Dès lors, il me paraît très important de ne pas surestimer les conséquences d'une situation de crise, qui est, par essence, temporaire.

Nous avons vécu récemment une sorte de triple tsunami.

Premièrement, les conséquences du Covid-19 et la reprise économique qui y a succédé ont amené une tension très forte sur les prix de l'énergie.

Deuxièmement, la guerre russo-ukrainienne a entraîné la perte, en un an, d'environ 100 milliards de mètres cubes de gaz. Si vous aviez demandé à n'importe quel expert avant cet évènement quelles auraient été les conséquences pour l'énergie en Europe, je pense que tous vous auraient dit que nous allions droit dans le mur. Le gaz est en effet très important pour la production d'électricité. Or vous avez vu que nous traversons l'hiver avec des résultats plus que satisfaisants en termes de gestion grâce aux efforts consentis. La France se distingue tout de même par le fait que l'approvisionnement russe qui a été coupé ne représentait qu'une part faible de son mix énergétique et de son approvisionnement. Outre la prépondérance du nucléaire, notre pays se caractérisait en effet par une diversité de fournisseurs, tels que la Norvège ou l'Algérie.

Troisièmement, nous avons connu une crise nucléaire en termes de temporalité, car plus de la moitié du parc a été rendu indisponible par le phénomène de corrosion sous contrainte. Celui-ci était imprévisible, car il n'atteint visiblement pas les réacteurs les plus anciens. Cependant, grâce à la très bonne gestion d'EDF, ce problème est en train d'être résorbé et nous devrions revenir à une situation beaucoup plus normale.

Il est donc très important de regarder les éléments de crise ponctuelle, de même que leur origine et les conditions dans lesquelles nous devons en sortir.

Compte tenu de la spécificité de la France en termes de bouquet énergétique, les conséquences en termes de dépendance dans le temps sont beaucoup moins graves qu'ailleurs. Cet élément représente une force. En revanche, je ne dis pas qu'il ne doit pas y avoir d'analyse permettant d'améliorer ce qui peut l'être afin de disposer des amortisseurs les plus performants possible en cas de crise. Concrètement, il faut éviter le risque de surestimation d'un élément de crise, qui est par définition temporaire.

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