Intervention de Nicolas Sarkozy

Réunion du jeudi 16 mars 2023 à 9h30
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la france

Nicolas Sarkozy, président :

Nous n'avons pas parlé de grand-chose et cela s'est vu, je pense. Je l'ai accueilli à sa voiture et il ne m'a pas raccompagné. Il aurait pu reconnaître qu'on dit des bêtises pendant la campagne… Mais non. Je me souviens de Mme Royal proclamant, à propos de la fermeture de Fessenheim, « promesse tenue ! » Il y a là une erreur de conception, une erreur d'exécution, une erreur de calendrier. C'est triste à dire. Pour reprendre la belle expression d'André Santini, ils ont foncé dans le mur en klaxonnant ! Ils ne voulaient rien entendre, rien écouter ; on n'était pas dans un processus rationnel, comme après Fukushima.

L'emballement médiatique sur ces sujets est d'ailleurs très intéressant à observer. Je me souviens d'une réunion à l'Élysée avec Yannick Jadot, à l'époque directeur des campagnes de Greenpeace France. Je lui proposais de participer au Grenelle de l'environnement, mais pour lui, ce n'était pas possible : nous étions séparés par la frontière du nucléaire. Cela ne reposait sur aucun argument technique ou financier ; je dirais que c'était presque esthétique ! Il fallait faire moderne, et je vous ai cité ce qu'avaient dit Martine Aubry et Eva Joly à mon propos. Pompidou a démodé de Gaulle, Giscard a démodé Pompidou, j'ai moi-même un peu démodé Chirac… Bon, on ne peut pas dire de M. François Hollande qu'il ait démodé qui que ce soit. Le monde d'avant ressemble comme deux gouttes d'eau au monde d'après. C'est réjouissant, en un sens : on retrouve les mêmes qualités et les mêmes défauts. Cela invite à la modestie.

Il était impossible d'avoir un débat rationnel sur le nucléaire, comme celui que nous avons eu tout à l'heure sur la régulation, le niveau des prix. Je suis content que l'on puisse en discuter dans votre commission sans que cela provoque de drame. À l'époque, c'était différent. Après Fukushima, selon que l'on était pour ou contre le nucléaire, on était archaïque ou moderne. C'était aussi stupide que cela. Lorsque, en tant que ministre d'État, j'ai signé pour Flamanville, ni le Premier ministre ni le Président de la République n'ont souhaité se porter en avant. Ils n'étaient pas contre, ils m'ont laissé faire, mais ils ne voulaient pas porter l'EPR. Il faut comprendre qu'il entrait une part d'hystérie dans ce débat.

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