Intervention de François Hollande

Réunion du jeudi 16 mars 2023 à 14h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d'indépendance énergétique de la france

François Hollande, président :

En janvier 2009, le président Sarkozy annonce la construction d'un deuxième réacteur EPR à Penly. Le projet doit associer EDF, GDF et Total, ce qui n'est pas forcément un bon modèle. Des réunions publiques sont organisées en mai 2010 – M. Jumel pourrait assurément vous en parler car il y a eu un certain nombre de manifestations – mais le doute s'installe dès mai 2011, quelques semaines après la catastrophe de Fukushima. M. de Margerie, à l'époque président de Total, annonce que la réflexion au sujet de Penly a été arrêtée. L'enquête publique, qui devait débuter en juin 2011, est alors reportée au mois d'octobre 2011. En octobre, bien que M. Sarkozy organise des meetings dans toutes les centrales nucléaires lors de ses déplacements, il reporte à nouveau l'enquête publique ; à la fin de l'année 2011, EDF annonce finalement un report à une date indéterminée. Je peux comprendre la décision prise par EDF : puisque le Président de la République n'a pas pris la décision de lancer l'enquête publique, l'entreprise préfère attendre le vote des Français, d'autant que j'avais moi-même annoncé que Flamanville serait la seule centrale qui ouvrirait. Une fois élu, cependant, je ne mets pas un terme définitif au projet de Penly. Heureusement, d'ailleurs, que nous ne l'avons pas réalisé à l'époque, car nous aurions sans doute eu recours à l'EPR que nous construisions avec difficulté à Flamanville, alors qu'il vient d'être annoncé que le site bénéficierait finalement de l'EPR2, avec un effet de série.

J'avais donc annoncé que, mis à part le projet de Flamanville, aucun programme nucléaire ne serait lancé durant mon mandat, et donc pendant les deux quinquennats suivant la présidence de Jacques Chirac. Cela comportait, pour la filière, un risque de perte de compétences : aussi fallait-il absolument assurer l'exportation, en évitant toutefois de donner l'image d'un projet qui s'enlisait comme cela se produisait en Finlande – il a fini par aboutir, mais à quel prix pour Areva, dont il a fallu compenser les pertes pendant ma présidence ! C'est pourquoi j'ai soutenu le projet d'Hinkley Point, qu'il était nécessaire de lancer pour préserver la filière. Nous avons essayé de négocier, en Inde et ailleurs, des projets d'exportation de l'EPR. Nous avions un atout : la Chine avait été capable, avec des exigences de sécurité n'ayant sans doute pas grand-chose à voir avec les normes de l'ASN, de faire fonctionner ce type de réacteurs. Je le répète, il était très important de maintenir cette stratégie d'exportation pour entretenir les compétences, faire travailler les usines et faire bénéficier l'EPR d'un semblant d'effet de série.

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