Intervention de Hendrik Davi

Séance en hémicycle du mardi 4 avril 2023 à 15h00
Errements de parcoursup et difficultés de l'enseignement supérieur

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHendrik Davi :

Pour surmonter les crises sociales et écologiques que nous traversons, nous devons faire le pari du savoir. C'est pourquoi j'ai déposé une proposition de loi, signée par des députés appartenant aux quatre groupes de la NUPES, visant à redonner des moyens à l'université et à la recherche scientifique.

En effet, madame la ministre, la politique du Gouvernement, qui consiste à renforcer constamment la sélection, n'est pas à la hauteur. Le refus de créer suffisamment de places dans l'enseignement supérieur public suscite chez les élèves et leurs familles une angoisse qui profite au seul secteur privé.

Commençons par décrire le stress qu'il engendre au lycée – et désormais, hélas, dès le collège ! Parcoursup rend l'année de terminale particulièrement éprouvante pour les élèves et leurs familles. Pour satisfaire le calendrier de cette plateforme, ils viennent de passer les épreuves de spécialité, avancées au mois de mars au mépris de toute considération pédagogique. Il leur faudra ensuite finaliser leurs vœux, puis rédiger des lettres de motivation – dont la plupart ne seront même pas lues. L'attente angoissante des résultats durera enfin, pour certains d'entre eux, jusqu'à la fin de l'été, se soldant parfois par une absence de réponse. En effet, en 2022, faute de places, 300 000 bacheliers n'ont pas trouvé de formation qui leur convenait – ce chiffre a été publié par votre ministère en septembre 2022.

La face cachée de ce désengagement de l'État n'est autre que la multiplication d'acteurs privés qui, surfant sur l'angoisse, proposent les places qui manquent dans le public. Parcoursup constitue d'ailleurs un véritable outil publicitaire pour les formations du privé. Ainsi, les lycéens cherchant une formation commerciale en Île-de-France sur le moteur de recherche de Parcoursup verront apparaître treize formations du privé, facturant entre 9 000 et 15 000 euros l'année, avant que n'apparaisse le premier établissement public. Or certaines de ces formations sont de véritables arnaques : par exemple, l'école Campus Academy d'Aix-en-Provence a fermé ses portes en février 2023, laissant une centaine d'étudiants sans formation et sans perspective de diplôme en plein milieu de l'année universitaire. En outre, ces écoles privées bénéficient du financement direct de l'État en proposant des formations en apprentissage dont les frais d'inscription sont partiellement couverts par France Compétences.

Madame la ministre, quand proposerez-vous une vraie loi-cadre pour redonner des moyens au service public de l'enseignement supérieur ? Quand comptez-vous mettre fin aux subventions déguisées accordées aux formations privées et les faire sortir de la plateforme Parcoursup ?

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