Intervention de Christophe Béchu

Séance en hémicycle du mardi 4 avril 2023 à 21h30
Impact de l'écologie punitive sur l'inflation et le pouvoir d'achat

Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires :

Je ne céderai pas à « ce parti pris de ne pas voir ce qui, pourtant, crève les yeux », pour reprendre les mots de Bernanos. Ce qui crève les yeux, ce sont les effets du dérèglement climatique – une réalité scientifique, qui ne touche pas que des contrées lointaines et désertiques : la France est d'ailleurs davantage affectée que la moyenne des autres pays. Avec 1,7 degré de plus par rapport à l'ère pré-industrielle et la perspective de 4 degrés supplémentaires en 2100, les conséquences sont partout présentes sur notre territoire. Les sécheresses sont toujours plus fréquentes et étendues. De ce point de vue, l'année 2022 a été marquée par un épisode prolongé et 2023, avec 80 % des nappes phréatiques au-dessous de leur niveau normal à l'heure où nous parlons, s'annonce particulièrement complexe. Le trait de côte recule année après année : c'est particulièrement flagrant en Gironde, mais près de 975 communes le long de tout le littoral sont concernées. La biodiversité diminue de façon inquiétante : 600 espèces font d'ores et déjà les frais du dérèglement. Je pourrais évoquer la fonte des glaciers et poursuivre encore longtemps.

Ces enjeux ne sont pas dogmatiques. Ils sont scientifiques et profondément politiques. La vraie punition – la vraie violence –, c'est celle que subissent les agriculteurs, qui voient leur mode de culture remis en question. C'est celle que subissent certaines communes de front de mer, dont l'existence est en jeu. C'est celle d'un partage de l'eau de plus en plus difficile. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que des changements profonds, systémiques sont indispensables. Les responsables politiques qui n'en assumeraient pas la responsabilité en tireront peut-être profit, mais sur le court terme. Ils seront sévèrement jugés par les Françaises et les Français, par ces générations qui viennent et à l'égard desquelles nous sommes déjà comptables. Face à ces défis, notre gouvernement s'est engagé de façon ferme et inédite pour créer les conditions d'un avenir durable. Cela impose des choix forts : ce sont non seulement des changements d'habitudes, de mentalités, mais aussi des choix structurels qui nous concernent tous, sans aucune exception.

Face à cela, nous obéissons à un double principe : un principe d'action, car nous devons faire plus et mieux ; un principe de partage de l'effort, parce que tous, nous devons contribuer, en particulier ceux qui ont le plus et qui sont en situation de responsabilité. Le rôle de l'État, c'est planifier à l'échelle nationale, c'est accompagner les collectivités, les citoyens, particulièrement les plus vulnérables, et les entreprises, pour accélérer la transition écologique et en faire une opportunité. D'un côté, il y a ceux qui critiquent notre action, car il faudrait ne rien faire – au nom, ce soir, de la sauvegarde du pouvoir d'achat. C'est un leurre, très simple, un raisonnement à très court terme, peut-être électoraliste. De l'autre côté, il y a ceux qui expliquent que la seule voie pour la transition écologique, c'est de rejouer la lutte des classes. Il s'agit de monter les Français les uns contre les autres, de faire croire, par exemple, qu'il suffirait que le 0,1 % des Français les plus riches fassent des efforts pour que la transition écologique se produise.

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