Intervention de Christophe Béchu

Séance en hémicycle du mardi 4 avril 2023 à 21h30
Impact de l'écologie punitive sur l'inflation et le pouvoir d'achat

Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires :

Nous sommes pris entre deux extrêmes, ceux qui disent qu'on en fait trop, ceux qui disent qu'on n'en fait pas assez. Face à ces deux écueils, nous assumons le courage de la nuance, une nuance qui revient non pas à refuser l'action mais à choisir l'action la plus efficace, la plus juste pour tous les Français, à nous appuyer sur les collectivités territoriales et les élus locaux, pour être au plus près des besoins de nos concitoyens, à nous adosser au potentiel de notre économie et aux technologies de rupture. Car opposer dogmatiquement économie et écologie, ce serait mettre notre avenir entre les mains d'autres pays, ce serait payer le double prix de la dépendance et de l'hypocrisie environnementale, puisqu'il s'agira bien souvent d'économies lointaines, aux exigences environnementales moindres.

Oui, le dérèglement climatique et sa réponse, la planification écologique, exigent des efforts : de la part de l'État, qui doit être exemplaire ; de la part des plus aisés, dont les modes de vie sont les plus consommateurs ; de la part de chacun d'entre nous, car les usages de notre société doivent être plus sobres. Les changements à mettre en œuvre nécessitent l'adhésion des citoyens et leur sens du partage. Face à ces efforts, l'État répond présent en accompagnant les particuliers – pour la rénovation énergétique de leur logement, par exemple –, les collectivités – avec le Fonds vert –, les entreprises – pour des investissements coûteux, grâce à France relance et au futur plan Industrie verte. Ces efforts sont d'autant plus grands que le défi de la transition écologique, celui de notre siècle, n'éteint pas les autres crises, notamment géopolitiques, que nous traversons et qu'il nous faut mener de front. Parfois, il faut renoncer à aller aussi vite qu'on le souhaiterait parce que l'impact est trop important pour une partie des Français ou parce qu'un autre chemin n'existe pas encore. Mais c'est toujours lié à une feuille de route, à des engagements forts, à une vision, à un cap. Assumer le courage de la nuance, c'est assumer une écologie des solutions, qui ne s'impose que lorsque les autres solutions sont satisfaisantes.

?uvrer à la transition écologique, c'est assurer l'avenir de nos enfants, recueillir les bienfaits en matière de qualité de vie, de santé, de pouvoir d'achat et d'équilibre financier. C'est particulièrement tangible pour la transition énergétique, le nerf de la guerre. Les collectivités accompagnées dans leurs travaux de rénovation voient leur facture s'alléger. Les Français qui bénéficient de MaPrimeRénov' économisent sur leurs factures. Ceux qui bénéficient d'aides pour l'achat de véhicules moins émetteurs, électriques, économisent des milliers d'euros en essence. ?uvrer à la transition écologique, c'est aussi porter une vision, celle qui veut que la France soit une nation motrice à l'international, comme elle l'a été déjà si souvent lors des grandes révolutions systémiques mondiales. C'est un chemin fidèle à notre histoire, prometteur en matière d'emploi, de rayonnement en Europe et dans le monde, de développement économique. Ce chemin de croissance et de prospérité durables devrait rassembler les Français au lieu de les diviser.

Pour que chacun s'approprie ces enjeux, ces contraintes, ces perspectives, pour que chacun participe à l'élaboration de ce projet de société, nous avons besoin de cohésion, de débats, de mobilisation. Notre pays a toujours su trouver le sens de l'intérêt général face aux grands défis auxquels il était confronté. C'est précisément cela que les marchands de peur de tous bords instrumentalisent, dans leur propre intérêt. Face aux dogmatismes et aux polémiques, je me revendique de ces mots qu'Albert Camus a prononcés lors d'une conférence sur l'avenir de la civilisation européenne : « L'équilibre est un effort et un courage de tous les instants. La société qui aura ce courage est la vraie société de l'avenir. » Tout cela afin d'éviter que, « devenus aux trois quarts aveugles par la grâce de la polémique, nous ne [vivions] plus parmi des hommes, mais dans un monde de silhouettes ».

Donnons aux Françaises et aux Français le débat sur la transition écologique qu'ils méritent, ancré dans la réalité des changements opérés, plutôt qu'un nouveau théâtre d'ombres !

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