Intervention de Jean-Luc Fugit

Séance en hémicycle du mercredi 5 avril 2023 à 21h30
Contrer le recul de la culture scientifique à l'école au sein de l'État et dans nos politiques publiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Fugit :

D'après une enquête menée récemment par l'université de Lorraine sur le rapport des Français à la science, à la question « À qui faites-vous confiance pour dire la vérité sur le coronavirus ? », les Français répondent très majoritairement en citant les médecins, les scientifiques ou l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Cependant, en réponse à cette même question, sept Français sur dix déclarent ne pas avoir confiance dans les élus. Pour retrouver cette confiance, nous devons plus que jamais nous inscrire dans une démarche politique éclairée par la science.

Tout d'abord, ici au Parlement, appuyons-nous sur les travaux réalisés par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst). Cet office, où siègent dix-huit sénateurs et dix-huit députés représentant toutes les sensibilités politiques – plusieurs de ses membres sont présents ce soir dans l'hémicycle –, produit de nombreuses études et formule, en lien avec son conseil scientifique, des recommandations que nous pourrions utiliser davantage et mieux.

Une meilleure prise en compte des données scientifiques permettrait d'éviter certaines confusions. Je pense notamment à celles que nous avons entendues ici, à l'Assemblée nationale, à propos des zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m) : des parlementaires ont confondu l'impact du dioxyde de carbone sur le climat avec celui des oxydes d'azote sur la santé respiratoire.

Rappelons aussi que nos politiques publiques de santé sont fondées sur des contributions scientifiques tangibles. Lors de la crise de la covid-19, c'est le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), c'est-à-dire des médecins, chercheurs et autres experts, qui ont apporté une aide à la décision publique.

Lorsque nous débattons de transition écologique, nous nous référons, entre autres, aux travaux et propositions du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), dont les données et recommandations alimentent nos orientations politiques. Pour construire notre trajectoire de sortie des énergies fossiles, nous nous appuyons, comme le préconise le Giec, sur le nucléaire et sur les énergies renouvelables. L'apport de la connaissance scientifique est fondamental. C'est une ambition que toute la société doit partager. Dans cet objectif, nous nous réjouissons que le ministre de la transformation et de la fonction publiques, M. Stanislas Guerini, ait lancé, il y a quelque mois, un plan de formation des cadres de la fonction publique à la transition écologique.

Si le Gouvernement nourrit l'ambition d'une meilleure diffusion de la culture scientifique, démarche que nous soutenons, il reste encore beaucoup à faire. Dans son rapport pour avis sur les crédits consacrés à la recherche dans le projet de loi de finances pour 2023, notre collègue Philippe Berta, ici présent, dressait un bilan mitigé des politiques menées en matière de culture scientifique. Aussi propose-t-il une refonte du Conseil national de la culture scientifique, technologique et industrielle (CNCSTI), dont le rôle est d'organiser un dialogue constant entre la communauté scientifique, les responsables politiques et les citoyens. Je trouve cette idée particulièrement pertinente.

Une autre réponse pourrait être l'organisation plus fréquente de conventions citoyennes. Celle pour le climat et celle, plus récente, sur la fin de vie sont des exemples du nécessaire renforcement du lien entre la société civile et les politiques publiques.

Le groupe Renaissance soutiendra les évolutions proposées en ce sens. C'est pourquoi nous souhaiterions connaître, madame la ministre, votre feuille de route pour le développement de la culture scientifique, technologique et industrielle.

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