Intervention de Jérôme Guedj

Réunion du lundi 3 avril 2023 à 16h05
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Guedj :

Que vous dire, mesdames les rapporteures ? Je connais, pour chacune d'entre vous comme pour nous tous, l'engagement résolu à aborder le sujet du vieillissement de la population et à faire en sorte que la promesse présidentielle soit enfin honorée. Vous avez donc décidé, en tant que parlementaires, de vous saisir de votre droit de légiférer, la procrastination gouvernementale nous privant depuis quatre ans d'un grand débat national, du choix des financements et des priorités à mettre en œuvre.

Il y a eu l'annonce du Président de la République. Il y a eu un calendrier, qui a été présenté mais pas respecté. Il y a eu des rapports de qualité, administratifs et parlementaires, dressant un diagnostic et précisant ce que nous devions faire. Il y a eu la crise du covid. Il y a eu Les Fossoyeurs et l'affaire Orpea. Et maintenant que vous vous indignez, si j'ose dire, que rien ne soit fait par le Gouvernement, vous accouchez d'une souris !

Ce faisant, vous envoyez un signal désastreux à celles et ceux qui pensent sincèrement que nous devons légiférer, et peut-être produire, je le souhaite, un consensus à la hauteur de l'enjeu. Vous faites un écran de fumée législatif, vous proposez une coquille vide, un cache-misère ! Demain, le ministre, qui lui aussi repousse l'échéance de mois en mois, accélérera son calendrier pour annoncer les conclusions du Conseil national de la refondation (CNR) « Bien vieillir » – qui lui-même a été le moyen de gagner une année supplémentaire – et présenter sa feuille de route, qui devait l'être au mois de mai.

Voici donc des parlementaires qui légifèrent sans connaître la vision d'ensemble du Gouvernement ! Pire : vous ne proposez aucune vision d'ensemble et vous vous contentez d'aborder quelques sujets, alors qu'il faut traiter, dans la transversalité, la révolution de la longévité et de la transition démographique. Le tout, comme vous le reconnaissez vous-mêmes, sans aucun financement à la clé offrant une perspective longue. Je vous le dis : c'est une frustration gigantesque et un signal désastreux !

Nous tenterons d'enrichir le texte, faute de quoi vous nous accuserez de ne pas considérer le sujet comme prioritaire. Vous tendez collectivement un piège à tous les acteurs ! Ne pensez-vous pas qu'il serait plus utile de réunir les parlementaires autour de la table pour rédiger la loi « grand âge, vieillissement et autonomie » que nous appelons de nos vœux ?

J'ai une proposition à vous soumettre. Je ne demande qu'une chose : que tout le monde s'en empare et que tous les parlementaires disent au Gouvernement « Ça suffit ! Vous procrastinez depuis trop longtemps ! Nous, nous avons une vision ! ». Il paraît qu'on cherche des textes fédérateurs ; celui-là peut en être un. Mais ne légiférons pas sur la base d'un texte aussi creux et vide, qui suscitera plus de frustration et de colère qu'il n'apportera de solutions !

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