Intervention de Régis Boigegrain

Réunion du jeudi 2 mars 2023 à 10h00
Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques

Régis Boigegrain, directeur exécutif en charge de la direction des affaires maritimes de RTE :

. – En courant alternatif, pour 750 mégawatts par exemple, on doit utiliser trois câbles. En courant continu, il y a moins de perte : un aller-retour est nécessaire. Cela dépend bien sûr si l'on est en monopôle ou en bipôle, mais globalement, on gagne aussi sur la consistance générale de l'ouvrage.

Quant à la profondeur, à partir de 100 mètres, le problème est davantage économique que technologique – même si l'on imagine les jambes d'acier nécessaires pour supporter une plateforme de 20 000 tonnes… C'est plus d'un étage de la Tour Eiffel, au minimum. L'impact environnemental est considérable. Les coûts de construction sont gigantesques, sans parler de l'entretien de la mécanique immergée, qui n'est pas notre cœur de métier et que l'on déléguera.

Au sujet du développement du flottant, nous nous intéressons déjà à la manière de réduire ou de contenir ces coûts. Lorsque c'est possible, on mutualise les infrastructures : c'est ce que l'on va faire pour les parcs Sud Bretagne et les deux parcs en Méditerranée, en construisant un poste électrique de 750 mégawatts qui va permettre d'accueillir sur le même poste en mer les premiers parcs ainsi que les extensions attendues.

On essaie également de standardiser : pour les raccordements des parcs Centre Manche 1 et Centre Manche 2, on prévoit ainsi deux plateformes de courant continu d'une puissance de 1,25 gigawatt. On vient de modifier notre avis de marché pour inclure la plateforme qui sera prévue pour le raccordement de l'appel d'offres AO7 Sud-Atlantique. Cela signifie que l'on standardise le design pour rendre possible l'achat de trois plateformes auprès d'un consortium industriel, en espérant que la répétitivité permettra de contenir le coût.

Je suis très frappé de ce qui s'est passé en mer du Nord, où une communauté d'acteurs s'est formée et a su solliciter les fonds européens. La mer du Nord est une cuvette, avec une profondeur de 50 à 60 mètres partout : cela convient bien aux technologies posées. Aujourd'hui, un standard de plateforme posée de 2 gigawatts de courant continu est en train d'être porté par les opérateurs allemands et néerlandais (TenneT au premier chef, Amprion, etc.) et soutenu par l'industrie allemande, Siemens faisant partie des grands fournisseurs de courant continu.

Pour le flottant, rien n'est encore organisé. Or nous devrions conduire le même type de réflexion sur les avantages ou les inconvénients géographiques. La France doit trouver des alliés. En Europe, il y a les Irlandais, les Norvégiens, les Portugais, et les Espagnols.

Quant au fléchage des fonds européens pour aider au développement de l'éolien en mer, il serait bon que l'on puisse faire en sorte de réduire le coût et d'accélérer l'industrialisation, pas uniquement en mer du Nord, mais également sur l'arc atlantique, parce que l'on pourrait associer a minima le Portugal, l'Espagne, la France et l'Irlande – c'est plus compliqué pour la Norvège. Cela nous permettrait de lever les verrous technologiques que j'évoquais tout à l'heure.

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