Intervention de Élie Tenenbaum

Réunion du jeudi 13 avril 2023 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Élie Tenenbaum, directeur du Centre des études de sécurité de l'Institut français des relations internationales (IFRI) :

Il existait, dans le cadre de la coopération structurée permanente, un projet de co-basing porté par la France, visant à mutualiser ces bases permanentes à l'étranger aux côtés de partenaires européens. Malheureusement, le projet se trouve aujourd'hui dans les limbes et il serait intéressant de le relancer car il offrait de nombreuses perspectives intéressantes. Des choses ont déjà été faites, par exemple à Djibouti avec les Allemands et les Espagnols dans le cadre de l'opération Atalante, pour les amener sur les bases françaises à Djibouti. Effectivement, ce ne doit pas être vu seulement comme un partage des coûts : il s'agit aussi d'un partage de l'influence, des intérêts et de l'expérience d'aguerrissement. C'était un point très important pour Takuba. La soutenabilité du dispositif français prépositionné à l'étranger, au cours des trente ans à venir, passe en partie, à mes yeux, par une européanisation de ce dispositif.

La France s'était montrée un peu réticente vis-à-vis du principe de nation-cadre, que l'Allemagne avait soutenu à l'OTAN. Il faut à mon avis la réinvestir car c'est ce principe qui permet aujourd'hui de se poser en intégrateur d'une opération ou d'un pan d'une opération interalliée, en termes de commandement et de contrôle.

Enfin, les capacités jouent un rôle dans l'attractivité de partenaires au sein d'une opération. On peut identifier, par domaine de lutte, des capacités différenciantes rares. Dans le champ maritime et naval, le groupe aéronaval constitue une capacité différenciante. Seuls les Britanniques, en Europe, disposent d'un tel atout en dehors de la France. Ce peut être un facteur d'attractivité pour des marines européennes de plus petite dimension. Dans le champ terrestre, ce sont les éléments organiques de corps d'armée et de divisions qui permettent d'agréger des partenaires dans de grandes unités. Ces aspects – feu dans la profondeur, défense surface-air, logistique – font actuellement défaut dans le projet de loi de programmation militaire et me semblent à renforcer. Dans le champ aérien existent aussi des enjeux en termes de commandement et autour des avions ravitailleurs.

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