Intervention de Bertrand Huby

Réunion du jeudi 30 mars 2023 à 9h00
Commission d'enquête sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales régies par les articles 73 et 74 de la constitution

Bertrand Huby, premier conseiller de chambre régionale des comptes, président de l'Observatoire des prix, des marges et des revenus (OPMR) :

Sur le suivi des prix, je me réfère à ce qui a été dit précédemment sur les moyens de l'Observatoire ; les moyens de l'Observatoire sont extrêmement faibles. De façon générale, le suivi des prix se fait au travers du bouclier qualité-prix et des travaux menés avec le pôle C de la Dieccte. Ce service réalise les contrôles sur le terrain dans tous les supermarchés et hypermarchés de La Réunion.

Concernant l'exploitation de ce type de données, nous avons une commission bouclier qualité-prix, qui participe à l'ensemble des discussions avec les professionnels et avec les pouvoirs publics, sachant que c'est le préfet qui arrête les documents officiels concernant le bouclier qualité-prix, et que l'Observatoire ne donne simplement qu'un avis, quand bien même il est associé à tous ces travaux. Pour une future évolution réglementaire concernant le rôle de l'Observatoire, peut-être serait-il intéressant d'aller un peu plus loin, et de prévoir une co-signature des documents concernant le bouclier qualité-prix par l'Observatoire des prix.

Pour le reste, si l'Observatoire des prix se voyait doté de moyens supplémentaires en termes de budget, on pourrait imaginer des suivis beaucoup plus réguliers sur l'évolution des prix. Ce travail se ferait en liaison avec l'Insee, chargée des calculs sur l'inflation, et avec des professionnels ; mais cela supposerait un budget supplémentaire.

Concernant la grande distribution, le rapport Girardier, qui a été rendu public à la fin de l'année 2022, a mis en évidence un certain nombre de points qui intéressent à la fois la consommation et les prix à La Réunion. Ce rapport a mis en évidence un duopole qui, sur des chiffres de 2019-2020, atteignait 65 % du marché de la consommation courante à La Réunion, et il posait le problème du devenir des quatre hypermarchés qui avaient été rachetés en 2019, avec la bénédiction de l'Autorité de la concurrence, et qui étaient en grande difficulté financière.

Actuellement, il y a une négociation sur la reprise de ces quatre hypermarchés. Si cette solution qui fait intervenir un opérateur étranger, de l'île Maurice, devenait pérenne, cela résoudrait une petite partie du problème qui est la pérennité des quatre hypermarchés concernés. Le duopole continue, comme en 2021 et 2022, comme le rapport l'avait révélé.

Sur les prix eux-mêmes, le rapport Girardier mettait en évidence que les prix n'avaient pas été impactés par cette concentration, dans un premier temps, car il y avait eu un phénomène de concurrence accrue pour essayer de rayer de la carte le nouvel entrant. Comme cela n'a pas été réalisé, le rapport Girardier disait que, par suite, une fois que le duopole serait consolidé, il y aurait certainement des hausses de prix, avec des accords implicites entre les deux acteurs majeurs.

Un suivi pourrait être effectué sur le sujet, mais je ramène toujours à cette problématique des moyens : il faudrait conduire une étude supplémentaire, par exemple en 2024, pour voir la réalité de la grande distribution à La Réunion après le rachat des quatre hypermarchés qui étaient très déficitaires par le nouvel entrant étranger. Comme j'ai pu déjà l'indiquer, il nous faudrait alors du budget supplémentaire pour pouvoir mener cette étude.

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