Intervention de Benjamin Haddad

Séance en hémicycle du mardi 9 mai 2023 à 15h00
Inscrire le groupe militaire privé wagner sur la liste des organisations terroristes — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBenjamin Haddad :

L'ennemi nous a désignés. Nous ne l'avons pas choisi, mais nous devons l'assumer. Il s'attaque à nos intérêts, à nos valeurs, à nos systèmes de gouvernement, partout où il le peut. Il s'ingère dans nos processus démocratiques, comme aux États-Unis en 2016 ou en France en 2017, avec les usines à trolls de Prigojine. Il monte des faux charniers pour faire accuser la France, comme à Gossi l'an dernier, et amplifie la propagande antifrançaise sur le continent africain. Donnons-nous les moyens de le combattre et de le vaincre, avec nos partenaires européens. Seuls onze membres du groupe font actuellement l'objet de sanctions, alors qu'ils étaient 9 000 à travers le monde fin 2021 et que plus de 50 000 sont désormais déployés en Ukraine, avec des chars d'assaut, des hélicoptères, des avions de combat.

Il faut nommer les choses. L'activité du groupe Wagner répond à la définition européenne du terrorisme : intimider des populations civiles, contraindre indûment des pouvoirs publics, déstabiliser gravement ou détruire des institutions. À travers cette résolution, nous appelons les autorités européennes à renforcer considérablement leur coopération et leurs instruments judiciaires et financiers pour faire la lumière sur cette organisation tentaculaire et opaque, lutter contre elle et ceux qui rendent ses opérations possibles et mettre fin à ses activités. L'inscription sur la liste des groupes terroristes de l'Union européenne sert cet objectif. Certains de nos partenaires comme les États-Unis n'hésitent pas à utiliser la force de leur droit et de leurs instruments financiers pour défendre leurs intérêts et leur sécurité à travers le monde. Un nouveau régime de sanctions, inspiré du statut d'organisation criminelle transnationale qu'utilisent les Américains, serait une piste à explorer.

C'est à la France de mener ce combat. Notre assemblée peut être à l'avant-garde d'une campagne européenne et je remercie le groupe Renaissance de porter cette résolution, mais salue aussi les députés des groupes Démocrate, Horizons et apparentés, Les Républicains, Socialistes et apparentés, Écologiste – NUPES qui, par leur soutien, ont montré que, pour défendre nos valeurs démocratiques, les forces de notre hémicycle savent se rassembler.

Oui, la France doit mener ce combat parce que nous avons été désignés par Wagner comme l'ennemi numéro un, depuis des années, avant même le début de l'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022, alors que le Rassemblement national proposait toujours une alliance avec la Russie dans son programme. Faiblesse ? Naïveté ? Complicité ? Toutes vos positions opportunistes affichées aujourd'hui ou demain, tous vos retournements de veste ne feront oublier à personne l'indulgence coupable dont vous avez fait preuve pendant des années. Vous voulez sortir des alliances, vous n'aimez pas l'Europe, fort bien. Nous, nous considérons que les menaces contre nos frères européens sont des menaces contre nous-mêmes, que la France se grandit à être aux côtés de ses partenaires, que c'est dans son intérêt même. En l'occurrence, ce n'étaient pas l'Allemagne, l'Estonie ou les États-Unis qui étaient visés, c'était la France et, pourtant, vous étiez de l'autre côté.

C'est à la France de mener ce combat parce que nous portons haut et fort le projet d'une Europe qui se défend, qui renforce ses instruments sur les plans non seulement économique, militaire, technologique, mais aussi juridique, pour assumer sa souveraineté, sa sécurité, si nécessaires quand ses alliés lui font défaut. La France doit être la voix du réarmement mental et matériel du continent, d'une Europe qui refuse d'être un théâtre passif des rivalités entre grandes puissances et de sortir de l'Histoire, d'une Europe qui ne laisse pas son voisinage, de la Méditerranée à l'Afrique, des Balkans à l'Europe de l'Est, aux mains rapaces des régimes autoritaires, une Europe qui assume sa puissance : c'est le sens de notre combat que nous menons avec le Président de la République depuis six ans. Oui, c'est à la France de mener ce combat parce que la voix de la France doit toujours être du côté de la justice et de liberté.

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