Intervention de Jérémie Iordanoff

Séance en hémicycle du mardi 9 mai 2023 à 15h00
Garantir le respect du droit à l'image des enfants — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérémie Iordanoff :

On y voit une troupe de députés subordonnés, inaptes à faire tomber un exécutif qui ne rend pourtant plus compte à personne. C'est dans ce paysage en déliquescence que le groupe Renaissance a eu l'ingénieuse idée de nous faire parlementer sur les drapeaux. Faut-il en rire ou en pleurer ? Nul ne le sait. À l'extérieur, le monde tourne.

Alors, pour vous distraire de cette tragicomédie franco-française dont, il faut bien le reconnaître, nous sommes tous un peu las, laissez-moi planter le décor de l'Europe que nous voulons, nous, écologistes.

Nous voulons une Europe qui mette en place une économie sobre, adaptée aux ressources de notre continent, aux limites planétaires, et qui mette un terme à l'effondrement de la biodiversité. Nous voulons une Europe solide et volontaire, pour défendre l'État de droit et les libertés fondamentales face aux réactionnaires, aux illibéraux, aux xénophobes qui nous menacent de l'extérieur comme de l'intérieur.

Nous voulons une Europe humaniste et accueillante, qui garantisse la dignité des personnes. Nous voulons une Europe qui prévienne et répare les injustices sociales, qui redistribue les richesses. Nous voulons une intégration fiscale pour éviter les logiques de dumping entre les États membres. Nous voulons une Europe qui mette fin aux paradis fiscaux.

Nous voulons une Europe qui accompagne nos paysans vers une agriculture qui protège notre environnement et qui assure notre souveraineté alimentaire. Nous voulons une Europe qui relocalise ses industries et qui assure notre indépendance énergétique. C'est une question de souveraineté mais c'est aussi une question de responsabilité : externaliser les coûts sociaux et environnementaux n'est pas une solution.

Nous voulons une défense européenne afin de faire face aux mutations profondes de l'ordre géopolitique mondial. Nous voulons une diplomatie européenne puissante pour promouvoir notre culture et nos valeurs, pour assurer la paix et la stabilité dans le monde. Enfin, nous voulons une Europe populaire, une Europe politique et démocratique. Nous voulons une Europe fédérale.

Alors c'est vrai, nous n'avons pas l'Europe que nous voulons – du moins celle-ci n'est-elle pas achevée. Mais nous avons déjà l'Union européenne ; c'est beaucoup et les choses avancent. Nous n'avons pas l'Europe que nous voulons, mais nous n'avons pas non plus la France que nous voulons. Pourtant, nous aimons la France et nous aimons l'Europe.

Il faut des actes pour le dire – surtout des actes. Faut-il aussi des drapeaux ? Qu'est-ce qu'un drapeau ? C'est un signe d'attachement, de ralliement : accrocher sur le fronton de nos mairies les bannières française et européenne, c'est reconnaître que l'Histoire nous lie intimement ; c'est prendre conscience et affirmer que nos valeurs sont communes ; c'est clamer haut et clair que nous partageons le même avenir. Pavoiser nos mairies aux couleurs de la France et à celles de l'Europe, c'est proclamer que nous sommes citoyens français ; c'est proclamer que nous sommes citoyens européens.

Si légiférer sur les drapeaux ne suffit en aucune manière à asseoir une politique forte et ambitieuse, ni pour la France ni pour l'Europe, les écologistes exprimeront par leur vote leur indéfectible attachement à la construction européenne.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion