Intervention de Julien Bayou

Réunion du vendredi 12 mai 2023 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Bayou :

Le groupe Écologiste-NUPES s'abstiendra, en espérant qu'un travail sera mené d'ici à la séance publique. Je soulignerai cinq points et ferai une remarque.

Tout d'abord, nous contestons certaines orientations stratégiques. La première est la dissuasion nucléaire, dont le coût pèse très lourd dans le budget, sans même parler de son coût éthique et moral.

La deuxième est la construction d'un nouveau porte-avions, qui grève elle aussi lourdement le budget pour une dépense de pur prestige. Ce porte-avions sera peu opérationnel, puisqu'il en faudrait trois pour assurer la permanence à la mer. Nous ne disposons pas du budget nécessaire à cette fin, et celui qui sera construit ne disposera même pas des bâtiments que réclame la marine pour lui assurer une plus grande agilité et une plus grande présence à la mer, notamment aux abords des outre-mer.

Je ne vois guère comment nous pourrions trouver d'ici à l'examen du texte en séance un point d'accord sur ces deux orientations que nous contestons. Assumons donc ce désaccord.

Nous pourrions peut-être progresser sur trois autres points.

Le premier est l'affirmation d'une autonomie stratégique européenne comme une fin en soi et comme le moyen de l'indépendance de la nation. Il s'agit là d'un objectif civilisationnel en soi, mais aussi d'un objectif d'efficacité, comme le montrent les réflexions de ma collègue Cyrielle Chatelain à propos des chaînes de production. En un mot, nous ne devons pas avoir la construction européenne honteuse.

Le deuxième est le contrôle parlementaire. Nous devons progresser dans la réduction de l'opacité, critiquée notamment par Amnesty International, et dans la prise en compte des droits humains lors des ventes d'armes. Nous devons éviter de reproduire des situations telles que celle nous avons connue en Égypte ou lors de l'utilisation au Yémen des armes que nous avions vendues à l'Arabie saoudite.

Le troisième est la prise en compte de la menace que représente le dérèglement climatique. La commission de la défense pourrait voir là un projet fédérateur pour notre pays : lutter contre le dérèglement climatique est beaucoup plus intéressant qu'un SNU stérile, hyper-coûteux et qui est, au fond, un caprice et inutile et une charge pour nos armées. Favoriser l'engagement volontaire pour la protection de la planète et des humains dans le cadre d'une réserve ou d'un service civique contribuerait à élever la force morale de la nation, à agir concrètement contre le dérèglement climatique et ses effets, qui touchent d'abord les plus vulnérables, et à décharger l'armée de missions de sécurité civile qui lui sont souvent confiées pour lui permettre de se consacrer à la défense du pays.

Une remarque, enfin : je salue les travaux menés au sein de cette commission car, pour en changer parfois, je peux témoigner que l'ambiance n'est pas toujours la même ailleurs – je pense en particulier à la commission des affaires économiques. Je salue également la présence et la disponibilité du ministre, ainsi que les réponses qu'il a apportées à nos questions – certes pas assez favorables, mais c'est le jeu. Une telle présence n'est cependant pas la norme sous l'actuel gouvernement, qui gagnerait à s'en inspirer.

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