Intervention de Sébastien Lecornu

Séance en hémicycle du mardi 23 mai 2023 à 15h00
Programmation militaire 2024-2030 — Article 2 et rapport annexé

Sébastien Lecornu, ministre des armées :

Je fais toujours le distinguo, monsieur le député : MM. Lachaud et Saintoul peuvent en témoigner en tant que membres de la commission de la défense. Au demeurant, nous avons tous une responsabilité en la matière. Être député, cela compte : parler précisément de nos forces armées, ce n'est pas exclusivement le boulot de l'exécutif, ou alors ce n'est pas la peine d'examiner un projet de loi de programmation militaire.

Troisièmement, j'ai discuté de la question avec le président Hollande depuis que j'occupe mes fonctions – j'étais élu local au moment où la décision a été prise, mais ce n'est pas une raison pour s'en laver les mains et se contenter d'inspecter les travaux finis. Fallait-il répondre à la demande des autorités maliennes, comme il l'a fait en son temps ? À titre personnel, je crois que oui ; nous ne pouvons nous exonérer de cette question. Cela ne signifie pas, monsieur le député Saintoul, que nous ne pouvons pas débattre de la suite – j'y reviendrai.

On ne peut pas agir comme Ponce Pilate, envoyer les forces armées et, une fois l'opération terminée, estimer qu'il aurait fallu faire autrement. Ces dernières ont besoin de sentir que le pouvoir, toutes sensibilités politiques confondues, n'avance pas masqué. Cependant, vous avez le droit de dire que si vous aviez été à la place de François Hollande, vous n'auriez pas répondu favorablement à la demande des autorités démocratiques maliennes de l'époque, qui souhaitaient lutter contre le terrorisme. On revient là au débat politique que vous appelez de vos vœux, mais il me semble ainsi plus clair, plus franc et plus net.

Quatrièmement, au Mali, nous ne pouvons pas faire semblant de ne pas voir qu'entretemps, une junte militaire est arrivée au pouvoir de manière non démocratique. Et c'est cette junte qui préfère globalement Wagner à l'armée française ! Dès lors, nous ne pouvons pas avoir ce débat sur la situation dans laquelle nous nous trouvons sans donner l'impression qu'au fond, elle est de notre responsabilité alors même qu'elle est le fruit de la décision de la junte malienne !

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