Intervention de Thomas Gassilloud

Séance en hémicycle du mardi 23 mai 2023 à 21h30
Programmation militaire 2024-2030 — Article 2 et rapport annexé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThomas Gassilloud, président de la commission de la défense nationale et des forces armées :

Alors que nous entamons une série d'amendements relatifs à la dissuasion, je tiens à dire quelques mots. J'ai eu l'occasion, tout à l'heure, d'indiquer à Fabien Roussel combien le débat autour de la dissuasion était vif en France, notamment au sein de la commission de la défense. J'y vois là la condition de la crédibilité, de la durabilité et du caractère acceptable de la dissuasion.

Peut-être est-il utile de rappeler à ceux de nos collègues qui ne sont pas membres de la commission en quoi consiste la dissuasion. Son objectif consiste tout simplement à permettre à la nation française, viscéralement attachée à sa liberté, de menacer de causer des dommages inacceptables à quiconque s'en prendrait à ses intérêts vitaux. Bien entendu, la dissuasion est une arme de non-emploi, strictement défensive. Pour préserver sa crédibilité, nous avons besoin de la moderniser, d'où les choix qui vous sont proposés aujourd'hui. Nous devons également inscrire cet effort de modernisation dans la continuité, afin d'éviter les errements observés en matière de nucléaire civil, lesquels ont parfois pu conduire à l'arrêt d'une filière. Nous avons en outre besoin de visibilité, les programmes de dissuasion s'inscrivant dans le temps long. Notre collègue Yannick Chenevard rappelait par exemple que la mise à l'eau d'un sous-marin nous engageait pour près d'une centaine d'années. C'est pourquoi nous avons choisi de nous inscrire dans la continuité des efforts déjà fournis.

Je remercie enfin notre collègue Fabien Roussel d'avoir rappelé que la dissuasion nucléaire reste, même à ses yeux, la clef de voûte de notre défense nationale : j'y vois là une évolution positive, dont je me réjouis. Merci, par ailleurs, d'avoir rappelé que la France se montre exemplaire en la matière : outre le fait que nous sommes, avec le Royaume-Uni, le premier État à avoir signé le TICE, nous avons démantelé de façon transparente nos sites d'essais et nos installations de production de matières fissiles, avons supprimé les composantes terrestres de notre dissuasion – les missiles balistiques sol-sol stockés sur le plateau d'Albion, mais aussi les missiles tactiques Pluton ou Hadès – et menons une stratégie de stricte suffisance en matière de porteurs, de vecteurs et de têtes nucléaires. La France, tout en se donnant les moyens d'une dissuasion crédible, applique sa stratégie de stricte suffisance de manière tout à fait exemplaire. C'est pourquoi nous pouvons, à mon sens, nous satisfaire des choix opérés dans le cadre de ce projet de LPM.

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