Intervention de Pascal Lecamp

Séance en hémicycle du mardi 13 juin 2023 à 15h00
Discussion d'une proposition de loi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Lecamp :

La proposition de résolution sur laquelle nous allons nous prononcer aujourd'hui est un appel en faveur d'un nouveau pacte de confiance pour le libre-échange.

Je ne choquerai personne en disant que les poussées protectionnistes sont nombreuses. En tant que fervent défenseur du commerce international, je suis convaincu qu'il faut les combattre. Il le faut non en ignorant les préoccupations environnementales, sanitaires et sociales qui les nourrissent parfois, mais au contraire en proposant un chemin d'ouverture qui inscrive le commerce international dans les transitions. Voilà quelle est notre responsabilité.

Or l'accord entre l'Union européenne (UE) et le Mercosur, dans sa forme négociée jusqu'en 2019, relève d'un logiciel complètement obsolète. Selon une étude récente, l'environnement est la préoccupation principale de 60 % des jeunes Français âgés de 15 à 35 ans. Comment pourrions-nous justifier auprès d'eux l'adoption d'un texte qui aurait pour effet une accélération de la déforestation en Amazonie de plus de 5 % par an ? Et comment expliquerions-nous que la France, qui a accueilli la COP21 et qui a fait œuvre de ses meilleurs talents diplomatiques pour parvenir aux accords de Paris, accepte un texte qui ne fait pas de leur respect une clause essentielle, une clause incontournable ?

Avec l'accord entre l'Union européenne et le Mercosur dans sa forme actuelle, ce sont aussi 99 000 tonnes équivalent-carcasse de bœuf sud-américain, potentiellement élevé aux antibiotiques, que nous importerions sans imposer de droits de douane, et ce alors même que nous avons, à raison, banni les antibiotiques de croissance en Europe depuis le 1er janvier 2006. Quel retour en arrière ce serait donc, sachant que, par surcroît, 27 % des ingrédients actifs utilisés au Brésil sont interdits au sein de l'Union européenne. La concurrence déloyale, le dumping social et les risques sanitaires qui résulteraient de cet accord sont injustifiables, notamment envers nos agriculteurs, et en particulier nos éleveurs, à qui, je le rappelle, nous demandons dans le même temps d'assurer notre souveraineté alimentaire.

Ainsi, à la Commission européenne et aux États membres de l'Union européenne, nous disons que ce texte n'est pas le bon, et qu'il faut le retravailler en toute transparence.

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