Intervention de Arnaud Le Gall

Réunion du mercredi 28 juin 2023 à 15h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArnaud Le Gall :

Le sommet pour un nouveau pacte financier mondial a eu le mérite d'exister mais il faut noter la faible représentation au plus haut niveau des pays du G7 : il n'y avait qu'un seul chef d'État ou de gouvernement de ces pays en dehors du président de la République. La représentation américaine interroge quand on sait que le dollar reste la clef de voûte officieuse du système monétaire international. Par ailleurs, il nous semble que certaines questions fondamentales, comme la taxation des plus grandes fortunes – au Nord comme au Sud car il n'y a pas lieu de les opposer en permanence, des logiques communes pouvant s'observer – ou celle des innombrables transactions financières n'entraînant pas d'investissements dans le système productif, ont été sinon éludées, du moins peu creusées.

Il a également manqué une réflexion sur la brutalité des hausses des taux d'intérêt décidées par les banques centrales. Je vous rejoins lorsque vous dites que la Chine a un rôle majeur dans ce domaine car elle détient une grande part des dettes des pays du Sud mais les hausses des taux d'intérêt des banques centrales européenne et américaine a un impact énorme sur l'explosion de la charge de la dette des pays du Sud. Ne pourrait-on pas étendre la clause climatique suspendant le paiement du service de la dette à la survenue de hausses brutales des taux d'intérêt ? Avez-vous soutenu cette idée et rencontré des obstacles ou vous êtes-vous encore arrêté au milieu du gué dans ce domaine ?

Attirer davantage d'argent privé pour financer le développement revient à cacher les investissements d'APD. Nous n'avons aucun problème à ce que nos entreprises investissent dans le monde entier mais ne créons pas de malentendus supplémentaires avec les peuples concernés en leur faisant croire qu'il s'agit d'une stratégie gagnant-gagnant. Il convient de concentrer l'APD sur l'aide d'urgence humanitaire, quand elle est nécessaire, parce qu'aucun acteur privé ne peut le faire à la place des États, mais également de remodeler une politique internationale, notamment dans les accords commerciaux avec l'Afrique, qui permette un développement endogène, sans faire croire que des investissements déguisés en APD changeront la donne. Pour assurer la cohérence de cette orientation, il faudrait accroître la tutelle du ministère de l'Europe et des affaires étrangères sur l'AFD, dont on sait qu'elle fonctionne en roue libre. Qu'en pensez-vous ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion