Intervention de Jacques du Puy

Réunion du jeudi 1er juin 2023 à 14h05
Commission d'enquête sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales régies par les articles 73 et 74 de la constitution

Jacques du Puy, président de Canal+ International :

Nous sommes présents suite à votre demande pour échanger sur les différentes activités télécoms en outre-mer. Nous sommes en fait Canal+ Télécom, un opérateur alternatif présent en Martinique, en Guadeloupe, dans les îles du nord, en Guyane et à La Réunion. L'origine de cette entreprise est Mediaserv, un opérateur alternatif lancé il y a une douzaine d'années et que nous avons repris à moment où il était en procédure de redressement de sauvegarde, en 2014. Nous proposons uniquement des offres Internet et téléphonie fixe. Nous n'avons pas d'activité mobile. Nous sommes présents sur l'ADSL – Asymmetric Digital Subscriber Line – et la fibre optique. Quand nous avons repris l'entreprise, elle regroupait 110 personnes et, aujourd'hui, nous en comptons 130. Les collaborateurs sont en grande majorité implantés localement. Nous sommes un petit opérateur, avec 150 000 abonnés. Nous menons aussi une activité de commerce entre entreprises ou business to business (B2B), destinée aux entreprises. Au moment de la reprise, nous avons dû soumettre le dossier à l'Autorité de la concurrence. L'autorisation s'est accompagnée d'un certain nombre d'engagements, sur lesquels nous reviendrons, mais qui limitent un peu notre marge de liberté.

Notre particularité est que nous sommes un opérateur de petite taille. Tous nos coûts doivent être finalement arbitrés sur la base d'abonnés, ce qui limite quand même notre flexibilité économique.

Je reviens sur ces fameux engagements de l'Autorité de la concurrence, qui courent encore à date, quasiment dix ans après. Ils nous contraignent à exercer nos activités commerciales en respectant un niveau de marge positif sur l'ensemble des produits et territoires que nous couvrons. Cette contrainte nous empêche de lancer des offres commerciales pour conquérir des parts de marché qui ne seraient pas rentables. C'est un petit peu la limite de notre flexibilité.

Aujourd'hui, nous sommes à peu près à l'équilibre en termes d'objectifs opérationnels, mais en continuant à investir énormément. Nous avons investi plus de 100 millions d'euros sur la fibre, qui est un vecteur important sur les territoires, et en particulier à La Réunion où aujourd'hui l'île est quasiment fibrée. Cela ne veut pas dire que tous les foyers sont équipés de la fibre. Compte tenu de la topologie de l'île et de l'habitat, nous faisons face, pour un cas sur dix, à des raccordements dits complexes. C'est-à-dire que la part qui resterait à la charge du foyer est importante. Nous avons mis en place un système d'aide financière ou de subvention. Nous soutenons nos futurs abonnés à hauteur de 500 euros pour l'installation. Mais pour un nombre de cas assez important, cette subvention ne couvre pas l'ensemble des surcoûts et donc le client doit payer de sa poche. C'est quand même un frein pour rentabiliser tous les investissements faits sur l'île et pour faire en sorte que le maximum de foyers puisse être raccordé.

La deuxième contrainte spécifique est liée aux zones insulaires, avec des besoins en connectivité et câbles sous-marins. Les usages se développent et nous sommes sur une tendance annuelle d'augmentation de 50 % des débits consommés par chaque abonné. Un abonné consomme 50 % de plus de bande passante.

La concurrence forte sur ces territoires, aux Antilles, mais aussi à la Réunion, contribue au fait que nous n'augmentons pas nos prix. Nous avons seulement une valorisation de la fibre à 5 euros de plus par rapport à l'ADSL. Ce montant est bien loin de couvrir le surcoût de nos investissements en faveur de la fibre.

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