Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du mardi 4 octobre 2022 à 15h00
Fonctionnement du marché du travail — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Monsieur le ministre, lors de la présentation du projet de loi, vous nous avez dit que pour les entreprises, il y avait urgence à recruter. Mais cela fait quarante ans que les chômeurs, eux, peinent à être recrutés par les entreprises et vous n'avez jamais considéré qu'il y avait urgence.

Vous nous dites que des chefs d'entreprise proposent des CDI à des personnes en CDD qui préfèrent rester en CDD. Moi, en vingt-trois ans de reportage, j'ai croisé non pas des centaines mais des milliers de salariés que les employeurs laissaient pendant des années en CDD. J'ai une centaine de témoignages de cuisiniers, de caristes, d'assistants de vie, de professeurs contractuels qui espèrent un CDI alors qu'on ne leur propose rien. Mais ce n'est pas votre souci.

Votre souci est exposé dans une note de la Dares – direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques – qui vient de paraître. Il y est indiqué que, pour une fois, il y a une éclaircie dans le ciel de l'emploi. On se retrouve dans une situation dans laquelle le pouvoir de négociation évolue en faveur des salariés. Or, à peine évolue-t-il en faveur des salariés qu'il vous faut intervenir afin que le plateau de la balance penche à nouveau du même côté.

À l'inverse, que faudrait-il faire pour que ces emplois soient pourvus ? Dans une autre note, la Dares, toujours – ce sont vos services, monsieur le ministre, ayez un tant soit peu d'attention au travail qu'ils fournissent –, indique que dans un tiers des cas, les emplois ne sont pas pourvus car la main-d'œuvre n'est pas formée pour les exercer. Dans un quart des cas, le métier, notamment celui d'aide à domicile, de conducteur, d'ouvrier non qualifié, n'est pas assez attractif car le salarié est sous-payé et maltraité. Tel est également le cas dans les secteurs de l'industrie et de l'agroalimentaire. Dans un autre quart des cas, les deux problèmes se cumulent : la main-d'œuvre est sous-payée, maltraitée et il y a pénurie de compétences. Vos services en arrivent à la conclusion que les conditions de travail de tous ces métiers devraient être améliorées et les salaires revalorisés. Or vous ne faites rien. Votre seule solution est de mettre le couteau sous la gorge à des demandeurs d'emploi ; on sait que le résultat sera nul. L'an dernier, vous l'avez déjà fait ; le résultat a été nul puisque lors de la rentrée, il y a eu des pénuries tous azimuts.

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