Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du mardi 4 octobre 2022 à 15h00
Fonctionnement du marché du travail — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Je soutiens l'amendement de mon camarade Delaporte. Vous ne réagissez pas, monsieur le ministre, lorsque l'on vous met sous le nez la littérature des chercheurs relevant de votre propre ministère. Je souhaite que l'on approfondisse une note intitulée « Quelle relation entre difficultés de recrutement et taux de chômage ? ». Nous sommes au cœur du sujet. Que dit cette note ? Dans un tiers des cas – soit 33 % –, les demandeurs d'emploi n'ont pas les compétences requises pour exercer des métiers qui sont pourtant attractifs du point de vue des conditions de travail. Dans un quart des cas – soit 25 % –, les conditions de travail révèlent un problème d'attractivité, s'agissant notamment des aides à domicile, des conducteurs, des ouvriers non qualifiés de l'industrie agroalimentaire – bois, métal –, de certains ouvriers qualifiés de l'industrie et du bâtiment, ainsi que des serveurs. Au total, 58 % des personnes sont concernées. Dans un cas sur cinq – soit 20 % –, les conditions de travail et le besoin de formation semblent tous deux contribuer aux tensions : sont concernés la plupart des métiers de bouche – cuisinier, boucher, boulanger, mais également les aides-soignantes. On en arrive ainsi à un total de 78 %. Concernant les autres métiers, selon la Dares, l'origine des tensions est plus diverse. Par exemple, l'inadéquation géographique semble être particulièrement forte pour les assistantes maternelles.

En conclusion, si la note indique que les effets liés à la conjoncture sont susceptibles d'avoir un impact sur la période concernée, on se heurte à un problème structurel de compétences : l'apaisement des difficultés de recrutement et la baisse du chômage pourraient donc aussi passer par l'amélioration des conditions de travail et/ou par la revalorisation des salaires dans certains métiers. C'est, par ailleurs, ce qui avait été promis par M. le Président de la République concernant tous les métiers dits de la deuxième ligne : au lieu de les récompenser et de les valoriser, vous les pénalisez. Quelle est votre position sur ces notes, qui relèvent de votre ministère, monsieur le ministre ?

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