Intervention de Marie-Charlotte Garin

Réunion du mardi 4 juillet 2023 à 17h30
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Charlotte Garin :

Plusieurs villes de France, comme Lyon, ont déjà commencé à expérimenter la budgétisation sensible au genre – je suis un peu vieux jeux et je l'appelle encore comme ça ; elles ont d'ailleurs été auditionnées par la DDF.

Je salue le travail de ces municipalités qui œuvrent déjà à ce que l'égalité femmes-hommes soit pleinement intégrée dans la conception et la mise en œuvre des services rendus aux habitants et aux habitantes. On sait qu'il s'agit d'un outil de diagnostic, de mesure et d'évaluation puissant et je remercie mes collègues Céline Calvez et Sandrine Josso de s'être saisies de ce sujet et je suis ravie, monsieur le ministre, d'apprendre que vous allez, enfin, le faire également. Je dis « enfin », car, quand même, le guide pratique du Centre Hubertine Auclert date de 2015 et beaucoup de pays l'ont fait depuis fort longtemps. Il est vraiment temps, en France, que l'on aille au-delà de l'expérimentation, ministère par ministère.

Que prévoyez-vous comme accompagnement des agents de l'État pour qu'ils intègrent ces nouvelles pratiques ? Le changement est parfois compliqué dans les organisations, la fonction publique et l'administration et c'est un frein important. Avez-vous un calendrier de formation pour créer l'adhésion ? À défaut, les agents seront réfractaires, la démarche capotera : toute notre bonne volonté politique n'aura alors servi à rien et il n'y aura au bout du compte aucun impact.

Avez-vous demandé aux structures expertes du budget sensible au genre, pour voir si elles avaient des recommandations et des retours critiques à formuler quant à la méthodologie que vous proposez ?

Je me permets d'aborder un autre sujet car faire avancer l'égalité passe par une telle approche transversale, mais aussi par un travail plus spécifique, notamment du point de vue des finances. La crise sanitaire a allongé de plus d'une génération le temps nécessaire pour parvenir à l'égalité. Certes, vous avez donné des chiffres satisfaisants, mais on n'a pas la preuve que c'est grâce à votre gouvernement que certains écarts d'égalité ne se creusent pas ou commencent à se réduire. Il s'agit plutôt de faits structurels, d'une courbe qui se prolonge et on voit bien que la volonté politique pourrait contribuer à ce que l'on aille encore plus loin. Vous souhaitez que le budget de l'État intègre réellement l'égalité. Soit. Mais pour cela, il va falloir mettre plus de moyens, notamment pour la lutte contre les violences faites aux femmes.

Le Centre Hubertine Auclert nous a indiqué qu'en 2020 l'Espagne consacrait 16 euros par habitante et par habitant à la lutte contre les violences de genre, alors qu'en 2023 la France ne leur dédie que 5 euros. Or sans moyens, on n'arrivera à rien. Les associations nous demandent quant à elles 2 milliards pour lutter contre les violences conjugales ; je sais que c'est beaucoup et que le rôle d'un gouvernement est de faire des arbitrages budgétaires. Mais ces 2 milliards, ce n'est pas grand-chose si on les compare aux 118 milliards du coût des inégalités femmes-hommes tel que l'estime la Fondation des femmes. On peut investir davantage du côté de l'égalité.

Allez-vous prendre en compte les revendications des associations lors de l'élaboration du prochain budget ?

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