Intervention de Thierry Vincent

Réunion du lundi 26 juin 2023 à 18h00
Commission d'enquête sur la structuration, le financement, les moyens et les modalités d'action des groupuscules auteurs de violences à l'occasion des manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023, ainsi que sur le déroulement de ces manifestations et rassemblements

Thierry Vincent, journaliste :

Le bruit court que des formations seraient organisées. Je l'ai entendu mais je ne l'ai jamais constaté. Je n'ai jamais entendu des militants radicaux en parler non plus. J'ai posé la question. On ne m'a jamais répondu que cela existait. Je ne sais pas de quelle formation il s'agirait. Il est possible que la police ait plus d'informations. Pour ma part, je constate que jamais des camps d'entraînement ou de réseaux n'ont été démantelés jusqu'à présent. Je ne connais personne qui délivre des formations.

En Grèce, la mouvance anarchiste, importante depuis longtemps, a été très active au moment de la crise grecque, à partir de 2007 et 2008. À Athènes, le quartier anarchiste Exarchia, où la police a du mal à entrer, est impressionnant. Les manifestations là-bas sont à une tout autre échelle que ce que l'on voit en France, avec une pluie régulière de coquetels Molotov. Bien que m'étant rendu en Grèce pour des reportages à ce sujet, je n'ai pas d'information sur d'hypothétiques liens avec des black blocs de France. Une connexion est possible : il est probable que les émeutiers grecs, dont on a vu les images spectaculaires à la télévision pendant les années 2008 à 2010, aient fasciné ici. Mais je n'ai pas connaissance de liens organisationnels particuliers. J'ai parfois entendu parler allemand ou italien dans les manifestations en France, jamais grec. En Grèce, je n'ai pas souvenir d'avoir vu de Français dans les manifestations, sinon très marginalement. Cela dit, je ne peux exclure rigoureusement l'existence de liens.

En Italie aussi, l'extrême gauche est forte depuis les années 1970 sous une forme ou sous une autre. Il est donc logique qu'il y ait des rapprochements. La mondialisation ne concerne pas que les élites. Elle touche aussi les milieux subversifs. Le programme Erasmus fait que l'on voyage plus facilement. Des liens se développent. Il est normal qu'un militant d'extrême gauche ait envie d'avoir des relations avec des gens de la même mouvance et de la même sensibilité que les siennes. En déduire des liens organisationnels relève des services de renseignement.

Je ne peux répondre plus précisément, non plus que sur le nombre de militants du black bloc. Je ne peux les compter un par un. Mais vous avez interrogé les services de renseignement. Il y a, me semble-t-il, 2 200 fichés S dans le milieu d'ultragauche en France. Il est évident que les personnes qui peuvent se livrer à des actes illégaux au cours de manifestations sont plus nombreuses. De plus, comme je vous l'ai dit, le mouvement prend de l'ampleur, si bien que ce chiffre n'est pas stable. Il augmente probablement.

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