Intervention de Thierry Vincent

Réunion du lundi 26 juin 2023 à 18h00
Commission d'enquête sur la structuration, le financement, les moyens et les modalités d'action des groupuscules auteurs de violences à l'occasion des manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023, ainsi que sur le déroulement de ces manifestations et rassemblements

Thierry Vincent, journaliste :

C'est ce que j'essaye de vous expliquer en reprenant le paradoxe de la poule et de l'œuf. Ce n'est pas mon rôle de trancher ce débat. Je suis un observateur clinique, un journaliste qui essaie de rester impartial. Je constate que les deux violences augmentent en parallèle et je dis qu'une stratégie de désescalade ne consistera pas à armer encore plus la police, avec pour effet une réponse perçue comme plus violente de sa part. Les policiers se plaignent de ce qu'ils ont moins de moyens humains et que, pour compenser, on leur a donné des armes qu'ils ne sont pas forcément ravis d'avoir. (M. Taverne se récrie.) Eh bien, ils disent parfois en secret à un journaliste ce qu'ils ne vous disent peut-être pas ! Cependant, je m'étonne que personne ne se soit plaint de ce manque d'hommes. Évidemment, comme ils ont moins d'effectifs, ils préfèrent avoir des armes plutôt que rien, parce qu'ils ont peur et qu'ils veulent pouvoir se défendre. Mais je vous assure qu'on me l'a dit, croyez-moi ! Ils ont moins de moyens humains et on a compensé : évidemment, ça coûte moins cher de les surarmer que d'embaucher et de maintenir les effectifs.

Pour ma part, je pense que cette réponse peut être dangereuse. Certains policiers vivent dans la terreur qu'il y ait un mort ou un blessé grave, une bavure, comme on disait avant. (M. Taverne interrompt l'orateur) Mais comment pouvez-vous, monsieur, mettre sur le même plan la police, un groupe constitué qui représente l'État, et un groupe complètement flou ? Parce qu'ils sont méchants en face ? Je ne sais que dire, sinon que la police représente l'État, lequel décide de ce que les forces de l'ordre ont le droit de faire, s'il les arme plus, s'il en augmente ou en diminue le nombre. Après m'avoir demandé si la réponse de la police est disproportionnée, allez-vous me demander si les réponses des black blocs ou les attaques des black blocs contre la police sont proportionnées ? Peut-être voudriez-vous que je demande aux black blocs d'être moins violents ? Je ne comprends pas votre question. Selon moi, il y a un certain surarmement de la police. Des armes dangereuses sont utilisées. Il y a eu, vous le savez et vous semblez le regretter, et je n'en doute pas, des mutilés parmi des gens qui défilaient pacifiquement. Si vous voulez aller encore plus loin en ce sens, vous allez évidemment augmenter le ressentiment. Ce n'est pas une stratégie de désescalade !

S'agissant des coquetels Molotov, il faut relativiser. Il est rare qu'il y en ait. Là, il y en a eu. Mais ce n'est pas le cas dans toutes les manifestations. À un moment, il y en avait un, deux, peut-être trois en tout. Je vous accorde qu'il y en a davantage maintenant, mais il ne faut pas faire croire qu'il y a des coquetels Molotov à chaque manifestation. Il est vrai, que quand il y en a, c'est un signe de forte radicalisation.

Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question mais je ne peux pas répondre autre chose. Effectivement, je pense la réponse policière inadaptée. C'est uniquement mon avis et je ne suis pas du tout sûr d'être compétent pour m'exprimer à ce sujet.

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