Intervention de Caroline Pascal

Réunion du mercredi 13 septembre 2023 à 17h10
Commission d'enquête relative à l'identification des défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport, du mouvement sportif et des organismes de gouvernance du monde sportif ayant délégation de service public

Caroline Pascal, cheffe de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR) :

La cellule Signal-sports a été mise en place à un moment compliqué pour les fédérations et pour les clubs sportifs, en sortie de Covid, où l'information était peut-être moins fluide. Pour autant, cette cellule a reçu 850 signalements l'année dernière. Si elle n'est pas encore aussi performante qu'on le souhaiterait, elle est active et elle commence à être connue. La direction des sports est consciente de la nécessité de mieux communiquer sur cette possibilité de signalement et sur la protection accordée à ceux qui les font, je pense que Fabienne Bourdais vous l'a dit. Nous devons néanmoins encore tenir compte d'une forme d'autocensure, de crainte, notamment chez les très jeunes sportifs, qui, en raison du lien très fort qu'ils entretiennent avec leur entraîneur, peuvent ne pas oser signaler des comportements anormaux. C'est une nouvelle culture que nous devons mettre en place, dans chaque club, au plus près des très jeunes sportifs, et leur apporter des réponses.

Sur votre seconde question, je ne viens pas du monde du sport, et j'ai été frappée, quand j'ai pris mes fonctions en 2019, par l'entre-soi d'un milieu relativement restreint, où la crainte d'une forme d'omerta peut être tout à fait justifiée. La volonté de sortir de cet entre-soi est à l'origine même de la création de l'IGÉSR et nous conduit à envoyer systématiquement des équipes mixtes en mission, des équipes qui sont composées d'anciens cadres du monde sportif, mais aussi du monde éducatif et du monde universitaire. Ces derniers portent un regard pas nécessairement différent, mais avec une culture différente sur les situations auxquelles ils sont confrontés. Sur une fédération très connue, au sein de laquelle nous avons ainsi envoyé une équipe mixte, l'inspecteur général qui n'appartenait pas au monde sportif, a été très frappé que les autres inspecteurs puissent s'adresser au président de la fédération en l'appelant « Président » alors qu'il était lui-même attentif à l'appeler « Monsieur ». Cette différence n'avait pas d'impact sur la mission, les inspecteurs venant du monde sportif avaient la même impartialité, la même objectivité que lui mais ce décalage montre cette volonté de sortir de l'entre-soi. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles l'Inspection générale est saisie, afin de dépayser le dossier et d'éloigner le contrôleur du monde sportif. Néanmoins, je crois qu'il faut combattre cette idée. Les cadres administratifs et sportifs bénéficient désormais d'une véritable formation dispensée au niveau départemental et régional, qui permet de créer cette distance et d'évacuer ce risque ou cette suspicion de partialité ou de subjectivité dans le traitement des cas.

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