Intervention de Roger Chudeau

Réunion du mardi 17 octobre 2023 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoger Chudeau :

Notre solidarité vis-à-vis de Dominique Bernard, de sa famille, de ses proches, de ses collègues et de l'Éducation nationale est totale. C'est l'islamisme terroriste qui a armé l'assassin. Mais il existe au sein de notre école, nous le savons tous, un islamisme rampant. Vous avez noté à plusieurs reprises récemment que 50 % des professeurs avaient déclaré s'être autocensurés. Cette situation n'est pas nouvelle. Elle date au moins de 2004 et du rapport Obin (sur les signes et manifestations d'appartenance religieuse dans les établissements scolaires). Les politiques qui se sont succédé depuis n'ont rien entrepris pour y remédier – et ne me dites que ce sont les hauts fonctionnaires qui en portent la responsabilité. Avez-vous l'intention d'entreprendre quelque chose de frontal pour mettre fin à cet islamisme rampant qui s'en prend au fonctionnement même de notre école et aux enseignements qui y sont dispensés ?

Le budget augmente de 3,9 milliards d'euros cette année, de 29 % en sept ans. Est-ce un effort significatif ? Oui. Cette part de la richesse nationale peut-elle produire des résultats en matière d'amélioration de l'action éducatrice de l'État ? Non. L'essentiel de l'augmentation des crédits est affecté à la revalorisation des traitements des enseignants. Fort bien ! Mais elle passe à côté de l'essentiel : elle est pour une grande part indemnitaire et non indiciaire et elle est assortie d'un pacte qui ne mérite pas son nom, et qui d'ailleurs ne fonctionne ni pour le remplacement ni pour le soutien scolaire. Et je ne parle pas de l'effet de l'inflation sur l'augmentation des traitements.

Ce budget est à nos yeux un dispendieux budget de gestion. C'est un tonneau des Danaïdes, tout l'inverse d'un budget de mission, stratégique, tenant compte de l'état réel du système éducatif et du nécessaire sursaut attendu par le pays. Prenons un exemple : la commission a adopté le rapport de la mission d'information chargée de dresser un panorama et un bilan de l'éducation prioritaire, dont Mme Carel était la rapporteure et dont j'étais le président, qui recommande notamment de créer un programme distinct au sein de la mission Enseignement scolaire, afin de piloter une politique publique qui concerne 20 % des élèves et représente 8 milliards d'euros d'argent public et de permettre un contrôle parlementaire. Nous ne trouvons aucune trace de l'éducation prioritaire dans ce budget, si l'on excepte la poursuite des dédoublements de classe, ce qui est très bien.

Autre exemple : le coût moyen d'un écolier est à peu près de 6 980 euros, celui d'un lycéen 9 850 euros. La différence entre les programmes 140 et 141 est inchangée depuis des décennies. Les pays qui ont de bons résultats ont décidé de mettre la priorité budgétaire sur le premier degré, ce qui n'est pas le cas ici. Parlons enfin des emplois : vous supprimez 2 693 emplois de professeurs dans les programmes 140, 141 et 139. Dans le premier degré, vous aurez supprimé en deux ans 2 300 emplois. On voit ici ce qu'il faut penser de votre priorité aux fondamentaux…

Nous aurons bientôt, je l'espère, l'occasion de débattre de ce budget pour 2024, si le 49.3 nous en donne l'occasion, ce support rêvé pour une politique de l'annonce, une politique de plateaux de télévision, très éloignée de l'impératif catégorique de redressement de notre système éducatif.

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