Intervention de Cyrielle Chatelain

Séance en hémicycle du lundi 23 octobre 2023 à 16h00
Déclaration du gouvernement sur la situation au proche-orient

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCyrielle Chatelain :

La pause humanitaire est l'outil permettant un arrêt immédiat des bombardements afin de sécuriser la fourniture de biens de première nécessité aux habitants de Gaza ; elle doit permettre d'aboutir à un cessez-le-feu. Alors que cette position est aujourd'hui majoritaire à l'ONU, la France doit user de tout son pouvoir diplomatique pour empêcher que les États-Unis n'utilisent de nouveau leur droit de veto à l'encontre du respect de cette pause humanitaire. Elle sera le socle sur lequel nous pourrons bâtir un cessez-le-feu négocié entre l'ensemble des parties.

La France dans l'Union européenne, au nom des valeurs qu'elle défend, doit exiger un cessez-le-feu. Elle doit dépasser son rôle de force facilitatrice du dialogue pour devenir une puissance participant activement à la restauration de la paix.

La France dans l'Union européenne doit appeler à un cessez-le-feu car c'est une position juste et humaniste. Juste, car la communauté internationale a sa part de responsabilité dans la tragédie qui coûte leur vie aux Israéliens et aux Palestiniens ; humaniste, car on ne peut laisser mourir des milliers de femmes et d'enfants sans agir.

La France dans l'Union européenne doit appeler à un cessez-le-feu car les risques d'escalade du conflit au niveau régional, et potentiellement au niveau mondial, sont réels.

La France dans l'Union européenne doit appeler à un cessez-le-feu car cette guerre nourrit celles et ceux qui veulent nous entraîner dans une prétendue guerre des civilisations. Elle renforce le poids de la Russie, de l'Iran et de la Chine.

La France dans l'Union européenne doit faire vivre l'espoir de la solution à deux États. Deux États, c'est la seule solution pour permettre à chacun de disposer de sa propre souveraineté alimentaire, énergétique, industrielle et sociale. C'est la seule solution pour permettre aux Israéliens de vivre en sécurité et aux Palestiniens de vivre libres.

Nous avons abandonné cette solution d'espoir. Nous avons perdu le chemin de la paix. Il est temps de le retrouver. La voix de la paix doit pouvoir s'exprimer dans les rues françaises. La voix de la solidarité avec le peuple palestinien doit pouvoir s'exprimer librement. La liberté d'expression et la liberté de manifestation sont indispensables au bon fonctionnement d'une société démocratique. Les interdictions de manifestation, arbitraires et sélectives, doivent absolument cesser. Si, hier, à Paris, le rassemblement a pu se tenir place de la République – et je m'en réjouis –, samedi, en Isère, le rassemblement avait été interdit par un arrêté préfectoral.

La France doit être la voix de la paix. C'est ainsi que nous honorerons la mémoire de celles et ceux qui se sont battus pour la paix et qui avaient mis en nous leur espoir pour continuer leur combat. Déjà en 1994, Yitzhak Rabin déclarait : « Il n'y a qu'un seul moyen radical de sanctifier la vie humaine. La seule solution radicale est une paix réelle. ». C'est le courage inouï de ce message qui lui coûtera la vie quelques mois plus tard. Alors, soyons les partisans de la paix. Oui, nous le savons, le chemin sera long et difficile. Il exige un engagement sans faille, il exige d'être sans ambiguïté, il exige un travail diplomatique acharné. Un processus pour aboutir à la création de deux États, pour que chaque enfant – enfant d'Israël, enfant de Palestine – puisse vivre sa vie, vivre ses rêves à l'abri de la haine et de la mort.

La paix n'est pas une invocation naïve. Elle est l'une des plus hautes réalisations de l'humanité, mais aussi l'une des plus fragiles. La paix n'est pas un acte de foi. Elle est un acte de courage.

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