Intervention de Marine Le Pen

Séance en hémicycle du lundi 23 octobre 2023 à 16h00
Déclaration du gouvernement sur la situation au proche-orient

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarine Le Pen :

…savent que, paradoxalement, la sécurité d'Israël passera par un règlement politique visant à créer un vrai État palestinien, qui serait alors tenu pour responsable, aux yeux de la communauté internationale, de la lutte contre – ou de la complaisance avec – les groupements armés terroristes sur son sol. Cette vision paraît, du fait de la terrible actualité, irréaliste pour les protagonistes, mais la France doit continuer à la promouvoir. Cette insistance à promouvoir une médiation en dépit des vents contraires, c'est aussi la constance d'une diplomatie qui ne se renie pas.

La constance est en effet la troisième vertu cardinale de la diplomatie que je défends. La fameuse politique arabe de la France n'est pas une politique de coups, de visites rapides ou de déclarations péremptoires, c'est une vision de long terme, s'appuyant sur des principes clairs : le respect du droit international, des résolutions des Nations unies au droit de la mer en Méditerranée orientale ; la légitime défense ; la condamnation inconditionnelle du terrorisme ; le dialogue permanent avec tous les pays clefs de la région, sans exception ni sectarisme, mais avec pour objectif la défense de la sécurité des Français et des intérêts de la France ; la formation de diplomates, d'agents de renseignement et de militaires aux relations bilatérales ; le secret des intentions, des actions et des décisions, essentiel à la réussite de toute diplomatie, loin des vanités personnelles ; la défense des communautés chrétiennes d'Orient, dont le destin est inséparable de celui de la France et de l'Occident, face à la barbarie islamiste ; l'attachement français à la laïcité, qui lui fait rejeter les idéologies islamistes, qu'elles soient salafistes, fréristes ou djihadistes. Ces grandes constantes ont été largement oubliées ces dernières années. Le bilan en est affligeant : la France n'est ni écoutée, ni défendue, ni respectée, ni entendue.

Face au chaos que M. Macron et ses gouvernements ont installé sciemment dans la diplomatie française, et singulièrement dans cette région du monde, je redis avec force ici qu'il faut voler vers l'Orient compliqué avec des idées simples. Ces idées simples sont les principes clairs et éprouvés de l'indépendance, de l'équidistance et de la constance. C'est la déclinaison de ces principes – je conclurai sur ce point – qui m'a guidée pour proposer, il y a quelques semaines, un nouvel outil juridique de nature à protéger les libertés humaines, la diversité des civilisations et les richesses culturelles du monde, et à aider au règlement pacifique des conflits.

Au Proche-Orient, à l'est de l'Europe ou dans la bouillonnante Afrique, le chemin de la paix ne pourra passer que par la reconnaissance préalable de deux évidences : l'existence des nations contribue à la diversité du monde, donc à la richesse de l'humanité ; la considération des peuples et le respect des nations sont des principes essentiels à la paix et à l'harmonie du monde. En 1995, le pape Jean-Paul II expliquait, à la tribune de l'ONU : « La Déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée en 1948, a traité de manière éloquente des droits des personnes ; mais il n'existe pas encore d'accord international analogue qui traite des droits des nations dans leur ensemble. C'est là un fait qu'il convient de prendre attentivement en considération, étant donné les questions urgentes qu'il suscite dans le monde contemporain au sujet de la justice et de la liberté. »

Compléter le droit international dans cet esprit est précisément l'objectif de la déclaration des droits des peuples et des nations que j'ai présentée il y a quelques semaines. Profondément ancrés dans la tradition diplomatique et politique de notre pays, les grands principes énoncés dans cette charte – à commencer par l'égalité en dignité et en droit de tous les peuples et de toutes les nations – pourraient servir de guide vers un règlement du conflit israélo-palestinien, prélude à la normalisation des relations interétatiques au Proche-Orient. Cette proposition pourra devenir un outil que la France, de tout temps créatrice de droits nouveaux, pourra promouvoir dans le monde. Notre pays retrouvera ainsi cette place si particulière dans le concert des nations ; cette place que, je le crois, beaucoup de pays du Proche-Orient attendent de lui voir à nouveau occuper ; cette place qui lui permet en même temps d'assurer la sécurité des Français, de promouvoir nos intérêts nationaux et, pour reprendre les termes du préambule de la Charte des Nations unies, de « favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande ».

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