Intervention de Nicolas Thierry

Réunion du mardi 17 octobre 2023 à 18h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Thierry :

« On aime la bagnole, et moi je l'adore ! » s'exclamait le Président de la République il y a quelques jours, à l'occasion d'une interview consacrée à la planification écologique. Cette déclaration pour le moins anachronique démontre qu'il n'a pas mis à jour son logiciel. Ce que les Français attendent des responsables politiques, c'est à la fois un horizon qui garantit une planète habitable et un chemin réaliste pour y parvenir.

Le modèle tout-voiture, même électrique, est une impasse, en raison notamment des limites planétaires.

Le transport est le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France. Il totalise près d'un tiers des émissions, dont une grande partie est causée par la route, et celles-ci ne baissent pas. Faute d'initiative et d'anticipation politiques, de nombreux Français sont dépendants de leur voiture et condamnés à payer 2 euros le litre d'essence pour se déplacer. Les véhicules sont par ailleurs de plus en plus lourds. En deux ans, leur poids a augmenté de 100 kilogrammes. Ce n'est pas avec un malus touchant moins de 10 % des modèles que la situation évoluera. Nos propositions consistant à l'instaurer à partir de 1,3 tonne ont malheureusement été rejetées.

Le train reste plus cher que l'avion. Demandés depuis des années, les investissements en faveur de la régénération et de la modernisation du réseau ne sont toujours pas à la hauteur, de même que les mesures destinées à développer les trains de nuit. L'aérien, en revanche, se porte très bien, puisque le Gouvernement le subventionne à coups de milliards d'euros d'argent public. Cette année encore, vous avez refusé de vous attaquer à la niche fiscale sur le kérosène.

Enfin, comment ne pas évoquer les infrastructures ? Vous semblez n'avoir tiré aucun enseignement des échecs du passé. L'A69 en est le triste symbole. Ce projet aussi gigantesque qu'inutile entraînera des destructions écologiques inestimables et, compte tenu du futur prix du péage, ne profitera qu'aux plus aisés. Il renforcera par ailleurs la métropolisation. Nos arguments ainsi que ceux de l'autorité environnementale et de plus de 1 500 scientifiques, dont les experts français du Giec, ne suffisent pas à vous convaincre. Les profits du bâtiment et travaux publics (BTP) sont prioritaires ! Nous pouvons admettre, monsieur le ministre délégué, que vous ne souhaitiez pas écouter les écologistes, mais qu'en est-il des scientifiques qui vous appellent à changer de logiciel ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion