Intervention de Alice Rufo

Réunion du mercredi 11 octobre 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Alice Rufo :

Le dispositif des attachés de défense est souple et s'adapte en permanence. Nous avons par exemple ouvert cet été une mission défense en Arménie. Nous avions en effet anticipé les conséquences de la guerre en Ukraine dans notre environnement immédiat. Aujourd'hui, cet attaché de défense nous permet d'être aux côtés de l'Arménie pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale. Nous avons également ouvert des postes au Suriname pour couvrir le plateau des Guyanes, en Guinée-Bissau et en Moldavie.

Nous nous adaptons de la manière la plus agile possible aux transformations de notre contexte stratégique. Nous nous renforçons par endroit et menons un travail de suivi précis avec l'état-major des armées pour améliorer les moyens des attachés de défense, d'un point de vue quantitatif et qualitatif. Je vous remercie de saluer leur travail.

L'Irsem a connu quelques turbulences, mais son rayonnement s'est affirmé en quelques années et il dispose de projets ambitieux, dont notamment l'ouverture d'une antenne à Bruxelles, que j'ai évoquée précédemment. Celle-ci doit nous permettre de renforcer notre influence et notre compréhension de la scène bruxelloise.

Dans nos relations avec les think tanks et avec le monde académique, différents paramètres doivent être pris en compte. Nous devons d'abord poursuivre la consolidation du vivier universitaire et de recherche stratégique, grâce à une nouvelle génération de chercheurs. Cette action, qui a été lancée par mes prédécesseurs, commence à porter ses fruits et nous devons persister dans cette voie : nous avons besoin d'encore plus de spécialistes et d'experts pour déchiffrer le contexte stratégique auquel nous sommes confrontés.

Ensuite, il existe différents dispositifs concernant les think tanks ou les universités, qu'il s'agisse des appels d'offres ou des subventions. Nous essayons par ailleurs de développer des processus plus souples, par exemple des consultances. Nous avons agi de la sorte avec Camille Grand de l'ECFR, à l'occasion de la conférence sur la défense aérienne que nous avions organisée il y a quelques mois. Ces consultances permettent de répondre à une mission ponctuelle et d'obtenir un éclairage stratégique ad hoc. Je souhaite développer ce dispositif assez léger. Nous disposons par ailleurs de contrats-cadres pluriannuels qui permettent d'offrir aux chercheurs une visibilité sur leurs travaux, tout en veillant au respect permanent de la liberté académique. Nous y sommes très attachés : l'influence ne doit pas s'opérer au détriment de la liberté académique.

Le discours de Petr Pavel revêt une grande importance. Il y a quelques années, lorsque la France parlait d'autonomie stratégique européenne, nos partenaires nous interrogeaient en nous demandant si cette autonomie stratégique n'allait pas contribuer à diviser l'Europe et l'éloigner de l'Otan. Depuis le sommet de Versailles qui a réuni l'ensemble de nos partenaires européens autour d'un agenda de réduction de nos dépendances et de souveraineté européenne, nous voyons émerger des voix en faveur d'une plus grande souveraineté et d'une plus grande autonomie stratégique européennes. Ces positions émanent de l'ensemble de nos partenaires européens, y compris des pays d'Europe orientale, que l'on pouvait imaginer plus « otaniens ».

Il s'agit là d'une puissante réponse à un supposé isolement français il y a quelques années, quand nous souhaitions renforcer l'autonomie stratégique européenne. Désormais, nous constatons bien qu'il y a là une nécessité partagée par nos partenaires. C'est à la fois une bonne nouvelle, mais également une nécessité absolue, dans le contexte que nous connaissons.

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