Intervention de Johnny Hajjar

Séance en hémicycle du lundi 6 novembre 2023 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2024 — Mission outre-mer (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJohnny Hajjar :

L'amendement que nous venons de voter reprend un amendement que j'avais fait adopter en commission des finances, à une heure du matin : il porte à 500 millions d'euros les crédits alloués à la continuité territoriale. Ces crédits serviront à obtenir une baisse des tarifs de billet d'avion pour les populations ultramarines. Le présent amendement est donc satisfait et je vais le retirer.

Permettez-moi cependant d'exprimer quelques remarques. Contrairement à la Corse, il n'existe qu'un seul moyen de désenclaver nos territoires : le transport aérien. Ensuite, nous affrontons depuis toujours une inflation cumulée exponentielle, qui est à la fois structurelle et conjoncturelle. Lorsqu'en France hexagonale l'inflation est de 6 %, nous subissons dans nos territoires une inflation structurelle de 40 %, à laquelle s'ajoute une inflation conjoncturelle de 4 %, soit un total de 44 %. Par ailleurs, les niveaux de revenu des populations des territoires d'outre-mer sont plus faibles et les prix y sont très élevés.

Il est important de souligner que l'amendement qui vient d'être adopté reprend les propositions n° 56 et 57 issues des travaux de la commission d'enquête parlementaire sur le coût de la vie dans les collectivités territoriales régies par les articles 73 et 74 de la Constitution.

En ce qui concerne la question financière, vous expliquez qu'il y aura 6 milliards d'euros de défiscalisation pour les outre-mer, mais zéro pour la Corse. Je rappelle toutefois que la défiscalisation ne concerne que les familles très aisées, c'est-à-dire à peine 10 % de la population.

Ensuite, si l'on devait tenir compte, sur le plan financier, de tout ce que les territoires ultramarins rapportent à la France, deuxième puissance maritime mondiale, dotée, grâce à eux, d'une position géostratégique majeure, d'une très grande richesse en matière de biodiversité et d'énergies renouvelables, cela se traduirait en milliards d'euros ! Les richesses naturelles permanentes des territoires d'outre-mer font de la France un pays puissant. Que valent donc 500 millions, quand nos peuples vous rapportent des milliards ?

Le pas que nous faisons aujourd'hui n'est que le premier. Nous devons tendre vers le modèle corse, où s'applique une délégation de service public : les prix des billets d'avion y sont régulés, contrairement aux nôtres qui restent fluctuants ; d'autant qu'il n'y a pas suffisamment de concurrence, puisque le marché est détenu par un petit oligopole de quatre compagnies au maximum, quand ce n'est une compagnie unique. À Mayotte, par exemple, la compagnie Corsair n'opère que trois mois dans l'année et, le reste du temps, une seule compagnie détient le monopole. Nos populations sont donc captives et prises en otage.

Pour des raisons de justice sociale et d'équité, de responsabilité, d'égalité des droits dans une France républicaine, nous avons besoin de cette continuité territoriale, qui n'est qu'une première étape. Je remercie d'ailleurs les rapporteurs qui ont choisi de donner plus de force à mon amendement, en le reprenant au nom de la commission des finances. Ce n'est peut-être qu'une goutte d'eau mais, dans le contexte actuel de vie chère, il est important de faire baisser les prix des billets d'avion pour l'ensemble des ménages des territoires d'outre-mer et non pas seulement pour une petite catégorie d'entre eux.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion