Intervention de Laurent Alexandre

Réunion du mardi 20 septembre 2022 à 15h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurent Alexandre :

Notre pays perd ses entreprises, qui délocalisent. Neuf fois sur dix, la cause en est la recherche d'un accroissement des profits, non les difficultés industrielles ou financières. Que fait le Gouvernement pour y remédier ? Rien. La Macronie est le fossoyeur de l'industrie française. Pour ne citer que ces quelques exemples emblématiques, au cours de ces cinq dernières années, la production des lave-linge Whirpool a été délocalisée en Pologne, celle des masques respiratoires Honeywell en Tunisie et, plus récemment, celle du moteur Vinci d'Ariane 6 en Allemagne. Dans ma circonscription, la délocalisation d'une fonderie, la SAM, a entraîné le licenciement de 333 personnes ; cette activité est pourtant essentielle pour la souveraineté industrielle du pays et le Gouvernement aurait pu empêcher la délocalisation, l'État étant actionnaire de Renault, principal client de la SAM. Au total, ce sont plus de 30 % des emplois industriels de notre pays qui ont disparu en trente ans. Pourtant, plus de 20 milliards d'euros par an sont consacrés au soutien direct aux grandes entreprises dites stratégiques ; mais cela se fait toujours sans contreparties en matière d'emplois ou de salaires, et sans contrôle des dividendes versés aux actionnaires. La politique du Gouvernement favorise les grands groupes au détriment des TPE et des PME. Les premiers paient proportionnellement beaucoup moins d'impôts que les seconds et la réforme de l'impôt sur les sociétés rend celui-ci encore moins progressif.

Pourtant, l'activité économique du pays et la création de richesses reposent d'abord sur les TPE et PME et sur le travail des salariés de l'industrie, non sur les actionnaires. La stratégie du Gouvernement est d'accepter la délocalisation et de soumettre notre industrie au libre-échange généralisé. Notre économie repose de plus en plus sur des importations massives de produits en provenance des quatre coins du monde. Quid de nos emplois, de notre souveraineté économique, de la question écologique ? Les émissions de gaz à effet de serre dues aux importations ont progressé de 78 % en vingt-cinq ans ! C'est la conséquence directe de l'absence de planification industrielle. Il est urgent de planifier la bifurcation écologique, de relocaliser les productions, de raisonner en termes de filière et d'écosystème productif. La crise du covid et la guerre en Ukraine ont montré notre dépendance et notre fragilité. Nous devons redonner à nos entreprises les moyens de produire en France, en recourant à la commande publique et en contrôlant les aides et subventions aux entreprises – les représentants du personnel devant jouer un rôle de premier plan dans ce contrôle. Il faut aussi réformer la fiscalité, afin d'aider les TPE et les PME, ainsi que la composition des conseils d'administration et de la gouvernance des entreprises, de manière que les représentants des salariés et des collectivités territoriales pèsent davantage dans les décisions. Monsieur le ministre délégué, quelle est votre stratégie pour stopper les délocalisations et relocaliser les productions ?

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