Intervention de André Chassaigne

Séance en hémicycle du mardi 14 novembre 2023 à 15h00
Lutte contre l'inflation concernant les produits de grande consommation — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Vous nous invitez à donner notre assentiment à un projet de loi visant à avancer de quelques semaines les négociations commerciales annuelles de la grande distribution, l'objectif étant de permettre aux consommateurs de bénéficier au plus tôt de la baisse de certains prix alimentaires.

Le ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique a déjà déclaré qu'avec cette seule mesure, les prix allaient baisser de 5 % à 15 % selon les produits, alors même que dans de nombreuses filières, les coûts de production ne reculent pas, et que les prix de l'énergie devraient se maintenir à un niveau haut – en raison, d'ailleurs, de votre refus de réguler les prix de l'électricité et du gaz pour les entreprises.

Pire, la boulimie de profit des transnationales de l'agroalimentaire ne connaît pas la crise. Ces dernières réclament déjà des hausses de 10 % à 15 % par rapport aux prix fixés en début d'année 2023. Simple opération de communication en période de rentrée scolaire, ce texte risque de fournir de nouveaux leviers pour accélérer la hausse des prix en rayon.

En continuant de tout miser sur les seules négociations commerciales, il se révèle même plus dangereux qu'il n'en a l'air. Tout d'abord, le Gouvernement n'a tiré aucune leçon des effets de l'inflation sur la dégradation sans précédent de la qualité de l'alimentation des Français. C'est d'autant plus irresponsable que le texte se limite à un nouvel acte de foi dans les vertus de la grande distribution. Après le trimestre anti-inflation de mars dernier, au service des marques distributeurs, vous mettez désormais la grande distribution en position de force dans la négociation, alors que ses pratiques marketing sont toujours plus inquiétantes pour la qualité diététique, mais aussi sanitaire et environnementale des produits.

Ensuite, il faut le dire : avec cette anticipation des négociations commerciales, vous tournez le dos au principe même de la loi Egalim et de la construction du prix à partir des coûts de production de l'amont agricole.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion