Intervention de Joël Boueilh

Réunion du jeudi 2 novembre 2023 à 10h40
Commission d'enquête sur les causes de l'incapacité de la france à atteindre les objectifs des plans successifs de maîtrise des impacts des produits phytosanitaires sur la santé humaine et environnementale et notamment sur les conditions de l'exercice des missions des autorités publiques en charge de la sécurité sanitaire

Joël Boueilh, président des Vignerons coopérateurs de France :

Mécaniquement, on a dégradé l'IFT. On se retrouve avec des IFT de désherbage souvent inférieurs à 1, pour rester dans le cadre du HVE. Quelles sont les solutions ? Il n'y en a pas. En réalité, pour être dans les clous, on ne peut plus utiliser le glyphosate. C'est une façon sournoise de nous détourner de son usage, parce que la dose maximale autorisée ne permet plus de lutter réellement contre les adventices. Une année comme 2023 pose deux problèmes : le premier est relatif aux IFT, du fait de la fréquence des traitements et du nombre d'interventions ; le deuxième concerne le reliquat des fertilisants dans le sol, mesuré par rapport à la production de l'année. Si une dérogation est prévue pour excès de reliquat azoté dans le cas de trop petites récoltes, il n'y en a pas, en HVE, pour un dépassement des fongicides.

Mi-juillet, alors que nous voyions arriver la catastrophe, nous avons discuté avec le ministre de l'agriculture qui nous a laissé entendre que l'on pourrait, dans la nouvelle PAC, bénéficier d'années dérogatoires. Justement, 2023 est particulière, dans la mesure où il a fallu mettre en œuvre des moyens de protection phytosanitaire inhabituels. Nous en reparlerons avec le ministre, parce que nous ne savons pas comment s'enclenche cette procédure dérogatoire ponctuelle. Monsieur Turquois, vous mettez le doigt sur un problème qui se posera pour bon nombre d'exploitations viticoles engagées en HVE en 2023. Ne perdons pas de vue qu'il risque d'y avoir des conséquences pour la commercialisation des produits et pour la traçabilité.

Pour répondre à votre troisième question, des gens ont en effet voulu construire près des vignes, parce que c'est beau et que cela participe à l'attrait d'une commune. À l'époque où la population naissait sur place, il n'y avait pas de problème, elles faisaient partie du paysage. Désormais, avec l'arrivée de nouveaux habitants dans nos villages, nous devons prendre en compte cette proximité. M. Farges évoquait les apéritifs rencontres organisés avec les riverains. Nous encourageons la relation de proximité avec le voisinage pour expliquer quand, comment et pourquoi nous devons intervenir dans les vignes. C'est plutôt bien intégré, d'autant que les outils dont parlait M. Potier, qui permettent de limiter au maximum la dérive, sont utilisés dans ces parcelles pour éviter les nuisances. Nous adaptons aussi les horaires d'intervention. Cela reste un point de vigilance, parce que c'est de là que naîtront les premiers conflits et les premiers soucis de voisinage. Souvent, si des vignes sont encore là, c'est que l'enjeu économique n'est pas neutre, surtout pour des appellations un peu prestigieuses. Déplacer des vignes n'est pas toujours possible. C'est un équilibre à trouver. On est quelquefois sur le fil pour gérer les relations de voisinage.

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