Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Séance en hémicycle du mardi 21 novembre 2023 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative aux partenariats renouvelés entre la france et les pays africains

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

De notre capacité à bâtir une belle relation de confiance entre l'Afrique et la France dépendront au XXIe siècle notre sécurité et notre prospérité communes. Malheureusement, en dépit d'une histoire et d'une langue en partage, ainsi que d'un nombre important de Français d'origine africaine pouvant servir de pont entre nos deux continents, cette relation s'est dégradée et les malentendus se sont multipliés. Quel immense gâchis !

La politique étrangère narcissique, imprévisible, incohérente et méprisante d'Emmanuel Macron a mené la France à la déroute au Sahel. Nous payons très cher trois contradictions françaises.

Depuis le départ de Jacques Chirac qui, lui, aimait et comprenait l'Afrique, les gouvernements successifs ont réduit nos moyens d'action, au moment même où ce continent connaît une forte croissance démographique et économique. Le rapport d'information que vient de publier notre assemblée en témoigne : le nombre de coopérants a été divisé par dix ; les effectifs du Quai d'Orsay en Afrique ont été réduits de 40 %.

Pire, faute de vision d'une politique africaine, les moyens qui demeurent ont été dispersés. Entre la cellule diplomatique de l'Élysée – solitaire –, le Quai d'Orsay et l'Agence française de développement – qui est devenue un État dans l'État et ne rend compte à personne – règne une cacophonie à laquelle s'ajoutent désormais les interférences de Bruxelles. On comprend la déception des gouvernements africains, qui n'ont plus d'interlocuteurs fiables et, dès lors, se tournent vers des nations qui savent ce qu'elles veulent et qui respectent leurs engagements.

Une troisième contradiction, entre la promesse affichée de sortir de la Françafrique et, dans la pratique, un interventionnisme donneur de leçons de démocratie, de surcroît à géométrie variable, fait perdre toute crédibilité à la parole de la France, comme en témoigne le fiasco au Niger.

Il est donc urgent de réaffirmer et de mettre en pratique le principe, fondateur, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Pour bâtir un nouveau partenariat avec les différentes nations d'Afrique, la France doit revoir en profondeur sa politique en l'articulant autour de trois grandes priorités.

Tout d'abord, nous devons augmenter nos moyens diplomatiques, en reconstituant un vrai ministère de la coopération, en augmentant notre investissement dans la francophonie – et en y croyant ! –, en développant le réseau des écoles et instituts culturels français.

Ensuite, il faut remettre un pilote dans l'avion, en plaçant enfin sous la tutelle du Quai d'Orsay l'Agence française de développement, qui n'en fait qu'à sa tête, en reprenant la pleine maîtrise du processus de délivrance des visas, en cessant d'associer nos partenaires de Bruxelles.

Enfin, nous avons besoin d'une vision partagée avec les gouvernements africains afin de relever, par grande zone, les principaux défis du continent pour les années à venir. Je pense par exemple à la question fondamentale qu'est le développement d'une agriculture suffisamment protégée des règles du libre-échange pour permettre l'autosuffisance alimentaire et assurer des revenus décents aux paysans. Plus que d'aides, les pays africains ont besoin que leurs matières premières soient rémunérées correctement et transformées sur place. Faute de temps, je ne fais que mentionner les grands projets continentaux qui pourraient unir la France à l'Afrique, comme la Grande Muraille verte au Sahel, l'électrification ou le développement des énergies propres. En un mot, il faut une vraie coopération, gagnant-gagnant.

Il y a un demi-siècle, en pleine guerre froide, le général de Gaulle avait anticipé le monde multipolaire d'aujourd'hui et avait su incarner une espérance pour tous les peuples de la Terre. Au moment où ce monde est là, avec le Sud global, quel paradoxe de voir ses successeurs, principalement Emmanuel Macron, rapetisser la France au rang de petit porte-parole d'une Union européenne vassalisée par les États-Unis ! La France regagnera l'estime des pays d'Afrique, comme d'ailleurs de ceux d'Amérique latine – qui n'ont pas vu le Président au cours de ces six ans – ou de ceux du Moyen-Orient, lorsqu'elle redeviendra une France libre, menant une politique étrangère indépendante, au service d'un monde juste.

Dans ses dialogues avec Alain Peyrefitte, le général de Gaulle déclarait : « Voyez-vous, notre pays se distingue des autres en ce que sa vocation est plus désintéressée et plus universelle que celle d'aucun autre. La France, chaque fois qu'elle est elle-même, est humaine, est universelle. La vocation de la France, c'est d'œuvrer pour l'intérêt général. » Comment Emmanuel Macron pourrait-il œuvrer pour l'intérêt général s'il ne le sert pas en France et dans les relations franco-africaines ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion