Intervention de Sophie Errante

Séance en hémicycle du mardi 21 novembre 2023 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative aux partenariats renouvelés entre la france et les pays africains

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Errante :

C'est avec émotion que je prends la parole dans un débat qui est nécessaire, particulièrement en cette période, au sein des instances de la représentation nationale. La relation que la France en tant que nation entretient avec les pays du continent africain structure tant nos histoires individuelles que notre histoire commune. Nous devons tous faire attention aux mots que nous utilisons, afin de ne pas raviver des maux qu'il nous faut définitivement renvoyer dans une ère passée, afin de continuer d'apaiser et de guérir certains autres maux.

À l'instar de plusieurs collègues, je rappelle que l'Afrique est un continent composé de régions, de sous-régions, de pays et de nations. Si certains de ces pays ont des histoires communes, il existe en Afrique autant de différences que nous pouvons en connaître sur notre propre continent. Il importe de rappeler que, pour cette raison même, les relations que nous entretenons avec chacun des pays du continent africain peuvent être différentes selon nos histoires et nos constructions.

La globalisation qui se cache bien trop souvent dans l'usage du mot « Afrique » a entraîné, selon moi, bien des amalgames et le sentiment d'un mépris de notre part. Si la fraternité avec les nations du continent africain relève de l'évidence, elle nécessite que le cadre du dialogue soit à la hauteur de la qualité de la relation que nous exigeons réciproquement.

La reconnaissance des différentes territorialités, identités et structurations n'a nullement vocation à apporter de l'eau au moulin d'une politique de fragmentation du continent, bien au contraire. Elle permet de réaliser une photographie à un instant T de ce territoire-continent, afin d'en soutenir avec plus de transparence, de cohérence et de méthode, les volontés de développement et les stratégies de mutualisation des moyens.

À travers sa capacité à construire et à développer son union de manière bien plus complète et globale que celle dont nous avons construit l'Union européenne à ses débuts, l'Afrique nous donne peut-être une leçon politique. En effet, nous avions d'abord privilégié la stratégie économique par rapport à la construction politique, et nous voyons combien il est complexe d'arrimer de nouvelles dimensions au projet européen, tandis que l'Union africaine est un espace où tout sujet peut trouver sa place.

L'un des enjeux majeurs est la question monétaire, qui semble souvent fragiliser nos échanges avec nos partenaires africains. Nous avons là aussi un chantier fondamental à affronter. Notre majorité a reçu du passé des héritages qui polluent la relation Afrique-France. Le Président de la République s'est engagé à ce sujet ; je pense notamment au franc CFA et je salue les avancées en la matière. Néanmoins, nous devons désormais construire un partenariat ; c'est une évidence, ne serait-ce que du fait de l'arrimage des systèmes monétaires africains à l'euro. Nous devons assumer d'entrer dans une négociation franche ayant trait à des équilibres complexes. Nous devons le faire de manière pragmatique et technique, sans simplification ni approche politicienne,…

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