Intervention de Catherine Colonna

Séance en hémicycle du mardi 21 novembre 2023 à 15h00
Déclaration du gouvernement relative aux partenariats renouvelés entre la france et les pays africains

Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères :

Nous continuerons de suivre cette voie. Merci, madame Tiegna, de votre témoignage optimiste ; il en faut. J'ai particulièrement apprécié que ce soit vous qui le souteniez.

Ce n'est évidemment pas un péché originel que de chercher à développer une plus grande intimité avec les sociétés africaines. Je voudrais rassurer la rapporteure Tabarot : nous ne nous contentons pas de mener une politique exclusivement culturelle, mais nous avons multiplié les investissements économiques et nos entreprises sont beaucoup plus présentes qu'auparavant – je l'ai rappelé, comme d'autres orateurs l'ont fait ensuite.

Je note aussi les nombreuses remarques concernant la nécessité de mieux communiquer sur ce que nous faisons en Afrique, sur les réussites de nos coopérations civiles, sur nos partenariats avec les sociétés civiles et sur certaines de nos faiblesses – je dois aller jusque-là. Comme beaucoup ici, je partage le constat de Mme Tabarot. C'est pour cela que j'ai augmenté les ressources humaines du ministère pour ce qui concerne l'Afrique – je réponds aux remarques de M. Dupont-Aignan sur ce point. Pour la même raison, comme je l'ai déjà souligné, nous avons augmenté le budget dédié à la communication de nos ambassades en Afrique.

Plus largement – c'était ô combien nécessaire –, nous avons décidé d'accroître les moyens consacrés à la diplomatie publique. Vous avez raison : nous devons être plus visibles, assumer nos réussites et le fait que nous avons des intérêts, sans fausse modestie.

Je constate aussi un certain consensus sur la nécessité d'être plus offensifs pour combattre la désinformation et les attaques antifrançaises. Je salue les propos de la députée Darrieussecq sur ce sujet. Il est vrai que nous n'étions pas confrontés à ces phénomènes par le passé. C'est un défi nouveau auquel nous nous adaptons. Nous avons créé un dispositif interministériel de veille et de riposte sur les réseaux sociaux, qui est monté en puissance ces derniers mois. C'était nécessaire car les attaques informationnelles – certains d'entre vous ont mentionné à raison le rôle de la Russie – se multiplient ; nous les combattons déjà beaucoup plus efficacement et plus rapidement, même si nous souhaitons progresser encore. Quoi qu'il en soit, le cap est fixé et nous poursuivrons nos efforts dans ce domaine.

Je partage aussi celles de vos remarques qui soulignent la nécessité de renforcer nos liens avec l'Afrique tout entière, pas seulement francophone. Soyez assurés qu'il s'agit d'une de nos priorités. Comme Mme Lakrafi, je l'ai rappelé dans mon propos introductif : l'Afrique compte cinquante-quatre pays, nous avons des atouts partout et nous devons en jouer.

Le Président de la République est allé dans des pays qui sortent clairement de l'ancien champ africain de la France, comme l'Angola, le Kenya, l'Éthiopie, le Nigéria ou l'Afrique du Sud. Je me suis moi-même rendue dans certains de ces pays avec Mme Lakrafi. Nous développons des partenariats positifs avec nombre d'entre eux.

Certains d'entre vous ont mentionné la suspension de notre aide au développement au Sahel, mais je voudrais préciser de nouveau les choses, comme je l'ai déjà fait tant et tant de fois. Si nous avons suspendu nos projets d'aide au développement, nous n'avons évidemment pas suspendu l'aide humanitaire, notamment celle qui passe par les ONG. De même, nous avons maintenu notre coopération universitaire et culturelle. Nous continuons de soutenir la société civile malgré toutes les difficultés.

Les artistes, les étudiants et les chercheurs sont les bienvenus. C'est ce qui a permis – je remercie M. Ledoux de l'avoir mentionné – que le grand chanteur malien Sidiki Diabaté puisse se produire vendredi dernier à l'Accor Arena de Bercy devant plus de 20 000 personnes. C'est bien la preuve qu'il est accueilli et apprécié en France.

Vous avez été nombreux à évoquer la question délicate des visas, notamment le rapporteur Fuchs et la députée Pic. Nous avons tous conscience que, dans nombre de pays, la hausse de la demande après le covid a entraîné un engorgement temporaire – je l'espère – de nos services consulaires. De fait, dans la plupart des pays où nous avions des difficultés, elles sont en voie de résolution. Nous n'avons toutefois pas jugé suffisant de nous arrêter là, mais nous avons pris des mesures pour adopter un meilleur traitement des demandes de visa.

Nous avons demandé un rapport sur la politique des visas à M. Paul Hermelin, qui a reçu l'aide de l'inspection générale des affaires étrangères et de l'inspection générale de l'administration. Nous avons donc lancé ce chantier de fond pour repenser notre politique de visas, mieux combiner l'objectif d'activité et la lutte contre l'immigration illégale.

J'ai entendu des critiques sur un prétendu double standard s'agissant des coups d'État. Je veux être très claire, d'autant que certains ont jugé que nous ferions preuve de trop de subtilité. Au Niger, au Tchad et au Gabon, la France agit selon un principe simple : nous ne nous substituons pas aux organisations régionales. Nous n'avons pas à juger des affaires internes des pays africains avant eux, mais nous soutenons les organisations régionales lorsqu'elles luttent pour la démocratie.

Au Niger, c'est la Cedeao qui est en première ligne. Faut-il rappeler que c'est elle, et non la France, qui a décidé des sanctions ?

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