Intervention de Gérard Araud

Réunion du mercredi 15 novembre 2023 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Gérard Araud, ambassadeur de France, ancien ambassadeur en Israël, à l'Organisation des Nations Unies et aux États-Unis :

La colonisation en Cisjordanie constitue une violation du droit international, en particulier de la quatrième convention de Genève qui interdit à la puissance d'occupation de modifier l'équilibre démographique d'une région occupée. Actuellement, environ cinq-cent mille colons sont présents, dont la plupart dans des blocs de colonisation autour de Jérusalem, et ceux-ci pourraient potentiellement être rapatriés vers Israël avec des ajustements de frontières relativement minimes. Cependant, des implantations à l'intérieur de la Cisjordanie posent un défi supplémentaire car certains colons sont armés, voire fanatisés. Un gouvernement israélien serait-il capable de les rapatrier ?

Certaines personnes de mauvaise foi disent qu'on veut un État palestinien « judenrein », c'est-à-dire sans Juifs. Nous savons très bien que les colons israéliens n'accepteraient jamais la loi d'un État palestinien. Pour créer un État viable et contigu, il serait nécessaire de rapatrier certains colons israéliens, ce qui semble extrêmement compliqué dans le contexte politique actuel.

Les pays arabes ont un relativement bon contrôle sur leur population mais les monarchies du Golfe, ainsi que l'Égypte, ne sont pas à l'aise car leur population soutient massivement le Hamas. Jusqu'à présent, ces pays ont réussi à maintenir une certaine stabilité en canalisant les opinions, en organisant des réunions et en émettant des déclarations. Cependant, il existe également une tendance qui s'oppose au Hamas, qui prend la population arabe de Gaza en otage. En effet, de plus en plus de vidéos montrent des personnes ayant perdu un proche, qui en attribuent la responsabilité au Hamas. De plus, certains journalistes dans le monde arabe critiquent le Hamas et le désignent comme responsable.

Seul le Bahreïn, qui est l'État le plus fragile de la région, a rappelé son ambassadeur. Ce pays fonctionne avec un régime autoritaire dans lequel une minorité sunnite dirige une majorité chiite. De plus, il est nécessaire de tenir compte des ambitions régionales de la Turquie.

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