Intervention de Christophe Barthès

Séance en hémicycle du mardi 30 janvier 2024 à 9h00
Questions orales sans débat — Pollution de la vallée de l'orbiel

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Barthès :

Madame la ministre, ma question s'adresse au ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, M. Béchu, qui est absent.

On évoque régulièrement, à propos du département de l'Aude, dans lequel j'ai été élu, les drames qui l'ont frappé – les attentats terroristes et les inondations meurtrières de 1999 et 2018. Ce département occupe également une place, peu enviable, sur le podium des départements les plus pauvres de l'Hexagone. Ceux qui font preuve de bienveillance ajouteront cependant qu'on y trouve l'un des plus beaux monuments de France – la cité de Carcassonne –, quelques spécialités culinaires comme le cassoulet, ainsi que de très bons vins.

En revanche, on souligne rarement le domaine dans lequel le département de l'Aude occupe, hélas, la première place – celui de la pollution des sols. Dans l'ancien site minier de Salsigne, et sur environ 200 kilomètres carrés alentour, se trouve la plus grande décharge chimique du monde. Elle contient au moins 3 millions de tonnes de déchets toxiques, soit purs – stockés dans des alvéoles –, soit mélangés à des dizaines de milliers de tonnes de tout-venant.

Le 10 janvier, j'ai participé à une excursion, baptisée Toxic Tour, organisée par le collectif « Pour que vive la vallée de l'Orbiel ». Je me suis rendu sur les sites pollués – on en dénombre une douzaine. Ce sont essentiellement des collines artificielles, qui ont remplacé des vallées comblées par des millions de tonnes de déchets broyés et enfouis. Ces déchets proviennent du monde entier, notamment d'Allemagne, de Suisse, d'Espagne et du Japon.

On trouve dans ces déchets 20 % de produits toxiques purs – arsenic, cadmium, plomb, sélénium et diverses variantes de cyanure, entre autres. Inutile de développer davantage, vous connaissez la situation.

La population de la vallée de l'Orbiel est à bout et ne supporte plus les mensonges, les réunions préfectorales, les commissions d'enquête qui n'aboutissent à rien. Pendant ce temps, cette pollution dramatique progresse inexorablement vers les basses plaines de l'Aude. On ne compte plus les puits dont l'eau est interdite à la consommation, ainsi qu'à l'arrosage.

Au moment où la ressource en eau doit être protégée, il est peut-être encore temps de passer à l'action. La responsabilité de l'État dans ce désastre écologique n'est plus à démontrer. La politique d'enfouissement et de sécurisation est coûteuse, elle a été mise à mal par les inondations de 2018. Pensez-vous, madame la ministre, qu'il n'y ait pas d'autre solution que cette politique, que les riverains de la vallée de l'Orbiel appellent « la poussière sous le tapis » ?

M. Béchu sera-t-il le ministre qui lancera un processus de dépollution, et qui fera de ce site un laboratoire pouvant servir de modèle à d'autres sites, en France et ailleurs ? Certains reprochent à M. Béchu ses nombreux déplacements. Quant à moi, je l'invite à visiter la vallée de l'Orbiel, une véritable bombe à retardement.

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