Intervention de Hubert Védrine

Réunion du mercredi 13 décembre 2023 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Hubert Védrine, ancien secrétaire général de la présidence de la République, ancien ministre des affaires étrangères :

J'avais employé le concept de « gaullo-mitterrandisme » pour désigner la continuité de la politique française en matière de dissuasion nucléaire. Par la suite, son sens a été élargi à d'autres aspects de la politique étrangère.

Nul n'est obligé d'être d'accord avec tout ce qu'a fait Emmanuel Macron depuis qu'il est président de la République mais il est absurde de lui imputer la responsabilité de tous les problèmes de l'Afrique. Au demeurant, plusieurs de ses initiatives s'agissant de l'Afrique ont été très appréciées de ses dirigeants et de ses élites. Par ailleurs, les pays situés hors de la zone d'influence de la France ont eux aussi des problèmes, notamment l'Afrique du Sud, qui devient un grand pays africain normal avec mille difficultés. En outre, je le répète, la plupart de ceux qui nous critiquent se servent de la France comme d'un bouc émissaire, faute d'être capables de résoudre les problèmes de leurs populations respectives.

Sur la question migratoire, toute l'Europe sera obligée, un jour ou l'autre, de s'aligner sur la politique des sociaux-démocrates danois. Nous n'échapperons pas alors à une discussion qui sera difficile, mais inévitable avec les Africains, même avec nos amis.

S'agissant du Conseil de sécurité de l'ONU, qui est à l'image du monde de 1945 et où nous siégeons comme membre permanent grâce à l'insistance de Churchill auprès de Roosevelt et de Staline, Alain Juppé et moi-même considérons depuis longtemps que la France doit être ouverte à sa réforme, avec de nouveaux membres, en proposant d'y inclure notamment le Japon, l'Inde, un pays africain et un pays latino-américain. Or la modification de sa composition suppose l'unanimité de ses membres. Et la Chine a fait savoir qu'elle ne veut ni du Japon, ni de l'Inde, tandis que les Américains ne veulent pas précipiter les choses et les Africains ne parviennent pas à se mettre d'accord sur un représentant, certains refusant que ce rôle soit confié au pays exerçant la présidence de l'Union africaine (UA). Quant aux Arabes, ils s'estiment refaits, puisqu'ils ne sont identifiés à aucun continent en particulier. Sur ce sujet comme sur les autres, la France n'a rien à se reprocher, au contraire. Même les Africains de Paris les plus critiques doivent en convenir.

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