Intervention de Emmanuel Fernandes

Réunion du mercredi 13 décembre 2023 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuel Fernandes :

L'ancien ministre des affaires étrangères et ancien secrétaire général de l'Élysée que vous êtes bénéficie d'une bonne appréciation du fonctionnement de l'appareil diplomatique et militaire français, notamment en Afrique.

Notre groupe souhaite connaître votre avis sur les échecs récents de la diplomatie et des services de renseignement français, qui n'ont pas anticipé les coups d'État au Mali, au Burkina Faso et au Niger. La concentration de l'attention de la France et des partenaires militaires du Mali sur la lutte contre le terrorisme djihadiste, qui est certes cruciale mais n'épuise pas le sujet, explique-t-elle cet état de fait ?

Nous plaidons depuis longtemps en faveur d'une loi de programmation du ministère des affaires étrangères, calquée sur la loi de programmation militaire (LPM). Dans quelle mesure une telle loi serait-elle utile pour construire une stratégie de politique étrangère à plus long terme, notamment en Afrique ? À ce sujet, nous tenons à rappeler l'attachement de notre groupe au corps diplomatique, dont l'expertise et le travail dévoué participent au rayonnement de notre pays et à la qualité de son service public de la diplomatie.

Plus généralement, comment voyez-vous l'avenir de la relation de la France avec les pays d'Afrique compte tenu des dynamiques de recomposition en cours ? Nous pensons que ce n'est pas la France qui est rejetée, dans un petit nombre de pays au demeurant, mais une certaine idée de la France, ainsi que certains de ses actes politiques et diplomatiques encore très imprégnés de post-colonialisme ou de paternalisme.

Nous prônons depuis longtemps une coopération au service des peuples de France et d'Afrique pour relever les défis auxquels l'humanité est confrontée, au premier rang desquels le réchauffement climatique, dont le continent africain souffre de manière particulièrement intense, à l'heure de la clôture d'une COP 28 pour le moins décevante. Francophonie, coopération scientifique, développement, émancipation économique : comment la France peut-elle humblement opérer un tournant dans ses relations bilatérales avec les pays d'Afrique ? La France vous semble-t-elle capable d'adopter la posture d'humilité nécessaire à une telle évolution de sa politique vis-à-vis des États africains ?

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