Intervention de Amélia Lakrafi

Réunion du mercredi 22 novembre 2023 à 11h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAmélia Lakrafi, présidente déléguée de la délégation française de l'Assemblée parlementaire de la francophonie :

Mes chers collègues, c'est à ma connaissance la première fois qu'un délégué de la section française, et certainement une présidente déléguée, copréside une réunion commune avec une commission permanente de l'Assemblée nationale. C'est pourquoi je tiens à remercier très chaleureusement mon collègue Thomas Gassilloud de m'avoir sollicité pour être aujourd'hui à ses côtés, avec la commission défense. Je veux également saluer son initiative visant à associer les membres de la section française de l'Assemblée parlementaire de la francophonie aux travaux qu'ils mènent dans le cadre d'un cycle d'information sur leur relation entre la France et le continent africain.

À cet égard, je souhaite rappeler que si l'Assemblée parlementaire de la francophonie réunit à ce jour quatre-vingt-douze sections membres, associés ou observateurs, la section française y occupe une place toute particulière pour plusieurs raisons. Elle est en effet la plus nombreuse, avec quatre-vingt-dix députés et soixante sénateurs. Le Parlement français est aussi le deuxième le plus gros contributeur financier de l'APF, après l'Organisation internationale de la francophonie, l'OIF. De même, plusieurs parlementaires français occupent des fonctions importantes au sein des différents organes de l'APF.

Je veux ici saluer le travail de notre collègue Bruno Fuchs, qui a été désigné délégué général de l'APF et anime cette institution aux côtés du député canadien Francis Drouin, qui la préside. Plusieurs de nos collègues députés et sénateurs sont également soit présidents de commission et de réseau, soit rapporteurs au sein de ces mêmes organes. Je suis moi-même l'une des vice-présidentes de l'APF. Vous le voyez, la section française s'implique fortement dans le fonctionnement et l'animation de l'APF. Elle met un point d'honneur à être représentée et à intervenir à chaque réunion d'instance. La position française portée par les élus français est toujours attendue et écoutée.

Pour autant, l'APF n'est pas un outil au service du Parlement français. Les parlementaires membres de la section française ont à cœur de concilier leur double statut de membres de l'APF et de membres du Parlement français. C'est pourquoi les échanges que nous aurons ce matin m'apparaissent très importants et je veux remercier très chaleureusement M. Emmanuel Kasarhérou et Mme Cécile Mégie pour les éclairages qu'ils pourront nous apporter. La relation entre la France et le continent africain est marquée par la « confusion d'une histoire pesante », pour reprendre les termes utilisés par Jean-Louis Borloo, comprenant trois périodes, la colonisation, la décolonisation et la mondialisation de l'Afrique, qui se tourne aujourd'hui vers d'autres partenaires.

Nous en avons largement parlé hier en séance publique lors des débats sur les partenariats renouvelés entre la France et les pays africains. Face à cette Afrique nouvelle, la France s'est longtemps interrogée et a engagé des actions très fortes en ce sens, dont la restitution des biens culturels, mais aussi bien d'autres actions. Ainsi que le Président de la République l'a indiqué le 23 février lors de son dernier déplacement en Afrique centrale, nous avons un destin lié avec le continent africain et nous devons choisir quel rapport nous voulons entretenir avec les pays africains, en sortant des grilles de lecture du passé. Il nous faut considérer les pays africains comme des partenaires avec qui nous avons des intérêts et des responsabilités partagées.

Nous devons bâtir des relations respectueuses, équilibrées et responsables pour œuvrer ensemble pour des causes communes, comme la lutte contre le changement climatique. Cette nouvelle réalité s'incarne dans cette nouvelle politique de partenariat que nous menons désormais. Il est très intéressant pour nous de vous entendre, tant les champs culturels et médiatiques sont importants pour ces relations renouvelées que la France entend bâtir avec l'Afrique. L'importance de nos relations culturelles avec les pays africains est évidente. Nous en avons eu la preuve lors de l'organisation de la session Africa 2020. Je la constate sur le terrain, avec la programmation de nos instituts français ou de nos alliances françaises partout en Afrique.

Cette nouvelle politique de partenariat est sans doute appelée à s'accroître avec le projet de la Maison des mondes africains ou la cité de la langue française à Villers-Cotterêts, qui fera la part belle, je l'espère, à des projets communs avec les pays d'Afrique. La question du relais de l'information et des médias en langue française au travers de France Média Monde et de TV5 Monde est également un enjeu politique de taille, comme nous l'avons vu avec l'interdiction de France 24 ou de RFI dans certains pays du Sahel. Sans doute allez-vous nous donner quelques pistes pour établir cette nouvelle relation par le dialogue et l'échange, par le croisement des savoirs et des expériences que nous partageons déjà à l'APF et dans l'espace francophone.

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