Intervention de Stéphane Lenormand

Séance en hémicycle du jeudi 1er février 2024 à 15h00
Discussion d'une proposition de loi — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Lenormand :

Comme nous l'avons dit en commission, le groupe LIOT partage la volonté de soutenir le développement des classes de découverte. Nous nous sommes largement accordés sur leurs bénéfices pour le développement personnel de nos jeunes ; ces voyages contribuent également à faire grandir chez eux le plaisir de vivre en communauté, renforcent la cohésion dans leurs classes et leurs écoles, et consolident le lien de confiance avec leurs professeurs. Pour rendre le milieu scolaire plus attractif encore, nous devrons conforter tous ces éléments primordiaux.

Les classes de découverte, qui revêtent une dimension ludique indéniable sur le plan pédagogique, contribuent à la réduction des inégalités sociales. À cet égard, nous devrions d'ailleurs aller plus loin et rendre obligatoires les sorties pédagogiques et culturelles, indispensables pour accompagner les programmes scolaires et illustrer l'intérêt et l'utilité des connaissances au quotidien ; c'est essentiel pour que les jeunes retrouvent le plaisir d'apprendre.

Néanmoins, comme cela a été souligné en commission, les freins au développement des classes de découverte sont encore nombreux aujourd'hui – d'où l'intérêt du texte.

Sans surprise, le premier frein est d'ordre financier. D'une part, la hausse du coût de transport et des séjours a fortement augmenté le coût des classes de découverte. Par souci écologique, et pour encourager les écoles à privilégier les transports les moins polluants dans le cadre de ces voyages, nous aurions dû proposer à l'État de rendre les déplacements en train gratuits pour les classes de découverte – c'est une idée à étudier en vue du prochain projet de loi de finances.

Les classes de découverte concernent plus rarement les élèves vivant dans des zones rurales ou dans les quartiers prioritaires, car les collectivités n'y ont pas toujours les moyens d'apporter un soutien complémentaire et que l'action des parents bénévoles ne peut pas tout. Même si son montant reste trop faible, nous soutenons donc la création d'un fonds national d'aide au départ en voyage scolaire pour tendre vers un reste à charge nul pour les familles, et regrettons que notre proposition d'étendre ce dispositif aux collèges et lycées n'ait pas reçu d'avis favorable. Cette proposition s'inscrivait pourtant dans la droite ligne de l'engagement pris par l'éducation nationale, qui estime que les classes de découverte « constituent […], pour les élèves, un réel dépaysement et un moment privilégié d'apprentissage de la vie collective que chacun devrait connaître au moins une fois au cours de sa scolarité ». Compte tenu des difficultés à organiser les classes de découverte, allonger la période de scolarité où il est possible de les organiser aurait donné plus de chances à chaque élève de vivre cette expérience au moins une fois au cours de son parcours scolaire.

Par ailleurs, en commission, j'ai souhaité alerter mes collègues sur un sujet que je connais bien, pour avoir été enseignant en outre-mer : les surcoûts dans les territoires ultramarins y constituent non pas un frein, mais véritablement une barrière absolue à l'organisation de classes de découverte. J'ai donc plaidé pour la création d'une grille tarifaire fondée sur l'éloignement et la prise en compte des coûts réels des transports, et je remercie la rapporteure d'avoir pris en considération les spécificités des écoles ultramarines dans la nouvelle rédaction du texte.

En outre, si l'idée d'intégrer l'indemnisation des enseignants au pacte enseignant nous laisse sceptiques, nous sommes favorables à la reconnaissance de leur engagement à travers une compensation financière, mesure indispensable pour les remercier et compenser le temps de vie privée qu'ils consacrent à organiser ces classes de découverte – cela nécessite de nombreuses heures, croyez-moi. Cette reconnaissance ne saurait d'ailleurs être uniquement financière : nous avons ainsi déposé un amendement prévoyant que l'organisation des classes de découverte soit accompagnée à tous les échelons hiérarchiques de l'éducation nationale. En effet, force est de constater que, malgré l'évolution amorcée avec la circulaire du 13 juin 2023, les projets de voyage ne sont pas suffisamment encouragés au sein des établissements.

Au manque de financement et de valorisation du travail des enseignants s'ajoute un troisième frein : les difficultés et lourdeurs administratives. Nous saluons les mesures adoptées par l'éducation nationale, comme la création d'un catalogue national des structures d'accueil et d'hébergement ou encore la réduction du délai d'instruction des dossiers de huit à quatre semaines, mais, pour encourager réellement les enseignants dans cette voie, il faut faciliter davantage encore les démarches.

Tous les sujets n'ont pas été soulevés lors de nos débats. Il faudrait ainsi se pencher sur le problème des assurances, dont les contrats ne couvrent pas tous la responsabilité des enseignants lors des classes de découverte, et sur les dysfonctionnements des logiciels déployés par les académies, qui empêchent plus qu'ils ne facilitent les démarches. Enfin, il convient de réduire le nombre de nuitées permettant de bénéficier d'une aide financière pour les séjours des classes de maternelle, qui ne peuvent être aussi longs.

Malgré ces réserves, les députés du groupe LIOT soutiendront ce texte. Nous espérons qu'il trouvera rapidement un écho constructif auprès de tous les acteurs concernés, et créera une dynamique positive en matière d'organisation des classes de découverte. Continuons d'améliorer le dispositif !

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